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The Gargoyle - Andrew Davidson

30 Novembre 2008 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature canadienne

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Le narrateur de "The Gargoyle" est un homme très cynique dont presque toute la vie repose sur sa beauté: acteur porno et directeur de films du même genre, il est accro aux différentes drogues et vit dans un énorme vide émotionnel.  Au début du roman, il conduit - sous l'influence de la drogue - sur une route sombre et est distrait par ce qui lui semble être une volée de flèches enflammées.  Il s'écrase au fond d'un ravin et souffre d'horribles brûlures sur l'ensemble de son corps. Alors qu'il subit son traitement à l'aile des grands brûlés, il n'attend que de sortir de l'hôpital pour se suicider de façon bien planifiée, vu qu'il est maintenant un monstre aussi bien dans son corps que dans son esprit. 

 

Une scuptrice de gargouilles, très belle mais visiblement dérangée et répondant au nom de Marianne Engel apparaît au pied de son lit et elle insiste sur le fait qu'ils ont déjà été amants et amoureux dans l'Allemagne médiévale, où elle était soeur et scribe au monastère d'Engenthal. 

 

Commentaire

Mes amis plus "littéraires" m'avaient dit que c'était un genre de best-seller nul sans grande qualités, un genre de gros roman de gare pour presque illettrés.  Plusieurs critiques sérieux disent la même chose d'ailleurs, d'après ce que j'ai pu lire. Mais un billet de Book Lady (j'adore son blog, je ne sais pas si je l'ai répété assez souvent... je suis addict à son "alphabet" ces temps-ci!) qui a adoré ce livre, a quand même fait voler - sans que je m'en aperçoive bien sûr - ce livre vers mon sac lors de ma dernière visite à Montréal.   Résultat, j'en ai presque oublié de dormir et j'ai rêvé de monastères, de flèches enflammées et de grand amour. 

 

Dès les premières pages, j'ai été plongée dans l'action.  Le narrateur, très très cynique et très très peu aimable, se croit un peu au-dessus de tout et conduit complètement high sur une petite route.  Quand soudain, c'est l'accident et les flammes qui le consument.  En fait, à la page trois, il est en flammes.  Littéralement.  Et disons que c'est extrêmement bien décrit, très visuel... j'en ai frissonné.  Alors qu'il vit un enfer à l'aile des grands brûlés (on se demande si le pire est la brûlure ou le traitement... encore une fois extrêmement bien décrit), Marianne Engel apparaît.  Marianne Engel est échevelée, tatouée de la tête aux pieds, magnifique à sa manière et elle entend la voix de ses trois Maîtres qui lui parlent.  Elle entend aussi des gargouilles crier du fond de leur pierre pour qu'elle les en sorte.  Et Marianne Engel croit qu'elle a 700 ans et qu'elle doit redonner 1000 coeurs afin de pouvoir trouver la paix.  Elle soutient qu'elle l'a déjà soigné de graves brûlures et qu'il a été son grand amour, en 1330 environ.   Marianne Engel l'aime encore.  Marianne Engel est aussi suivie en psychiatrie. 

 

À travers les étapes de sa guérison, d'abord à l'hôpital et ensuite chez elle, elle lui lit "L'enfer" de Dante (qu'elle lui aurait déjà lu il y a 700 ans) raconte leur histoire, ainsi que des histoires d'amour tragiques vécues par des connaissances à elle.  On alterne donc entre passé et présent alors que Marianne Engel, à la manière de Shéhérazade, lui raconte leur vie commune et moyennâgeuse.   Et tout au long du roman, même si tout indique qu'elle est folle, que c'est impossible, j'ai vraiment voulu y croire, pour une raison folle.  Je me suis prise à y croire à cette histoire dont elle conserve les reliques, dont elle témoigne mais dont elle ne peut fournir de preuves tangibles et réelles.  J'ai voulu croire malgré ma raison, croire malgré tout, même si ce n'est pas vraiment mon genre (mes copains témoigneront!) Non seulement elle raconte une belle histoire d'amour qui survit au temps mais j'ai adoré sa vision du Moyen Âge (certe romancée) et cette vie de scribe à travers les grandes oeuvres de son temps.  L'enfer de Dante est un élément important du roman car non seulement Marianne Engel soutient qu'elle l'a traduit en allemand dans les années 1300 (soit plusieurs centaines d'années avant les traductions officielles) mais cette vision de l'enfer influencera énormément le narrateur (dont j'ai réalisé qu'on ne savait pas le nom au seul moment où ce nom est gravé quelque part) qui vit son propre enfer personnel.  La symbolique apparaît très présente.  En fait, il faut qu'un livre me passionne pour réussir à me faire me plonger dans un tel volume (parce que oui, je me suis tapé "L'enfer" suite à ma lecture. 

 

Finalement, le cheminement du narrateur d'une vie dissolue et sans intérêt, caché derrière sa grande beauté vers une foi "en quelque chose", du moins en l'amour, m'a beaucoup plu.  On espère réellement qu'il traverse son enfer (sans trop savoir si ce qu'est réellement cet enfer) pour "retrouver les étoiles".  Marianne Engel m'est apparue fascinante dans sa folie et j'ai aussi adoré la fin.  La voix du narrateur évolue réellement au cours du roman (bon, peut-être un peu trop... il est carrément éclipsé par Marianne à la fin... mais c'est un roman, non?) et les remarques cyniques sur le monde du début, avec un humour un peu noir où il s'adresse directement au lecteur m 'ont souvent interpellées, surtout celles sur les gens (son psychiatre, en l'occurence) qui ont peu confiance en eux.   À une occasion en particulier, j'ai trouvé qu'il visait étonnamment juste.

 

Un livre qui ne plaira sans doute pas à tous (à la fois pour son côté crû et pour le côté "facile" que mes copains plus cultivés que moi décrient) mais il m'a carrément envoûtée.  Il m'a fait me questionner sur les questions de la foi, de la croyance, de l'amour, des choix qu'on fait et de leurs conséquences.  En plus, j'ai maintenant le goût de visiter l'Allemagne!  Bref, j'ai adoré et je pardonne aisément les quelques faiblesses que j'ai pu y trouver!  Il n'est pas encore traduit mais vu son succès commercial (ça, ça va en décourager plusieurs, je le sens), je ne doute pas qu'il le soit un jour.

 

9,5/10

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