Dickens - Stefan Zweig
Présentation de l'éditeur (en partie)
"L'univers de Dickens semble représenter pour le jeune Zweig le comble de l'exotisme, mais son étrangeté n'a rien qui puisse susciter l'enthousiasme, elle exclut toute l'exaltation du pathos: ce que le romancier peut faire de mieux, c'est rendre "intéressant et presque digne d'amour ce monde antipathique du rassasiement et de l'embonpoint".
Commentaire
Il fallait bien la plume et la verve de Zweig pour me faire apprécier un essai dans lequel il dit clairement que "Bleak House" et "Un conte de deux villes" sont des oeuvres manquées!!! Mais je viens tout juste de relire le texte pour faire mon billet (voyez-vous, je ne sais absolument pas comment parler d'un essai... imaginez d'un essai lu la semaine dernière, en plein read-o-thon!!!) mais je n'ai quand même pas pu m'empêcher d'être impressionnée par la manière dont Zweig parle de Dickens. Et on s'entend, j'adoooore entendre parler de Dickens!!
Il ne s'agit donc pas ici d'une biographie de Dickens, comme je l'ai naïvement cru avant d'acheter le livre, mais plutôt d'une analyse de l'oeuvre littéraire de Dickens vue par les yeux d'un Zweig qui avait alors 30 ans. D'abord paru seul en 1910, cet essai apparaît maintenant dans le recueil "Trois maîtres", en compagnie de Balzac et Dostoïevski. On réalise tout de suite que Zweig n'est pas comme moi animé d'une passion intense et d'un amour aveugle pour Dickens! Pourtant, il ne s'agit nullement d'une critique de A à Z mais plutôt d'une approche très intéressante de ce que Dickens a écrit, et ce qui fait que Dickens est Dickens. Et une vision de Stefan Zweig est, comme toujours, servie par une plume fluide et très intense (quand on sait comment il écrivait, j'en suis encore complètement retournée... comment peut-il être si passioné dans ces conditions!!!).
Je vais vous lancer une de ces vérités, comme ça, de laquelle vous ne reviendrez pas! Dickens vivait pendant l'époque victorienne. Oui oui, je le jure!!! Non mais quelle nouvelle "étonnante", n'est-ce pas!!! Et c'est tout de suite ce que Zweig fait ressortir. En brossant un portrait de plusieurs caractéristiques de l'époque - selon sa vision, un monde de petits bourgeois où tout le monde était contenté et n'avait pas de grandes aspirations, où toute passion et sensualité étaient vues comme "mal" par les bien pensants - il place tout de suite l'oeuvre de Dickens dans son contexte historique et révèle pourquoi, selon lui, Dickens a été tellement aimé à son époque. Parce que c'était une superstar, notre Charlie!!! Avec ses héros "ordinaires", ses personnage bien ancrés dans leur temps ainsi que le portrait idyllique, presque enfantin à l'occasion, qu'il trace du bonheur quotidien, des scènes de tous les jours, il rejoint le lecteur victorien. Et avec son oeil acéré, sa façon de rendre les choses réelles et surtout son humour débordant et dévastateur, il rejoint le public intemporel.
Parce que si pour Zweig, il manque une certaine "grandeur", un certain souffle, qui fait qu'un roman nous prend aux trippes, il ne nie aucunement le génie de Dickens, qui se révolte contre les évidentes aberrations du système à la manière de son temps; par l'humour et par son esprit. Dans certains paragraphes, je retrouvais aussi l'idée que je tentais d'exprimer dans mon billet sur "Our mutual friend"... mais beaucoup mieux dit! Je n'irais pas me comparer à Zweig. Mais ces personnages impossibles à oublier, si caractéristiques, bons et méchants, éclairés par un halo de lumière et vivant dans un véritable petit mini-univers sooooo british... il les a regardés vivre aussi. Et lui aussi s'est laissé emporter... par moments!
Je sens que j'en parle bien mal... mais c'est un essai que j'ai énormément apprécié, de par la plume de Zweig... et par le sujet! Je compte bien poursuivre la lecture du recueil... mais faudrait que je lise au moins UN truc de Balzac ou de Dostoïevski avant!!!
"L'univers de Dickens semble représenter pour le jeune Zweig le comble de l'exotisme, mais son étrangeté n'a rien qui puisse susciter l'enthousiasme, elle exclut toute l'exaltation du pathos: ce que le romancier peut faire de mieux, c'est rendre "intéressant et presque digne d'amour ce monde antipathique du rassasiement et de l'embonpoint".
Commentaire
Il fallait bien la plume et la verve de Zweig pour me faire apprécier un essai dans lequel il dit clairement que "Bleak House" et "Un conte de deux villes" sont des oeuvres manquées!!! Mais je viens tout juste de relire le texte pour faire mon billet (voyez-vous, je ne sais absolument pas comment parler d'un essai... imaginez d'un essai lu la semaine dernière, en plein read-o-thon!!!) mais je n'ai quand même pas pu m'empêcher d'être impressionnée par la manière dont Zweig parle de Dickens. Et on s'entend, j'adoooore entendre parler de Dickens!!
Il ne s'agit donc pas ici d'une biographie de Dickens, comme je l'ai naïvement cru avant d'acheter le livre, mais plutôt d'une analyse de l'oeuvre littéraire de Dickens vue par les yeux d'un Zweig qui avait alors 30 ans. D'abord paru seul en 1910, cet essai apparaît maintenant dans le recueil "Trois maîtres", en compagnie de Balzac et Dostoïevski. On réalise tout de suite que Zweig n'est pas comme moi animé d'une passion intense et d'un amour aveugle pour Dickens! Pourtant, il ne s'agit nullement d'une critique de A à Z mais plutôt d'une approche très intéressante de ce que Dickens a écrit, et ce qui fait que Dickens est Dickens. Et une vision de Stefan Zweig est, comme toujours, servie par une plume fluide et très intense (quand on sait comment il écrivait, j'en suis encore complètement retournée... comment peut-il être si passioné dans ces conditions!!!).
Je vais vous lancer une de ces vérités, comme ça, de laquelle vous ne reviendrez pas! Dickens vivait pendant l'époque victorienne. Oui oui, je le jure!!! Non mais quelle nouvelle "étonnante", n'est-ce pas!!! Et c'est tout de suite ce que Zweig fait ressortir. En brossant un portrait de plusieurs caractéristiques de l'époque - selon sa vision, un monde de petits bourgeois où tout le monde était contenté et n'avait pas de grandes aspirations, où toute passion et sensualité étaient vues comme "mal" par les bien pensants - il place tout de suite l'oeuvre de Dickens dans son contexte historique et révèle pourquoi, selon lui, Dickens a été tellement aimé à son époque. Parce que c'était une superstar, notre Charlie!!! Avec ses héros "ordinaires", ses personnage bien ancrés dans leur temps ainsi que le portrait idyllique, presque enfantin à l'occasion, qu'il trace du bonheur quotidien, des scènes de tous les jours, il rejoint le lecteur victorien. Et avec son oeil acéré, sa façon de rendre les choses réelles et surtout son humour débordant et dévastateur, il rejoint le public intemporel.
Parce que si pour Zweig, il manque une certaine "grandeur", un certain souffle, qui fait qu'un roman nous prend aux trippes, il ne nie aucunement le génie de Dickens, qui se révolte contre les évidentes aberrations du système à la manière de son temps; par l'humour et par son esprit. Dans certains paragraphes, je retrouvais aussi l'idée que je tentais d'exprimer dans mon billet sur "Our mutual friend"... mais beaucoup mieux dit! Je n'irais pas me comparer à Zweig. Mais ces personnages impossibles à oublier, si caractéristiques, bons et méchants, éclairés par un halo de lumière et vivant dans un véritable petit mini-univers sooooo british... il les a regardés vivre aussi. Et lui aussi s'est laissé emporter... par moments!
Je sens que j'en parle bien mal... mais c'est un essai que j'ai énormément apprécié, de par la plume de Zweig... et par le sujet! Je compte bien poursuivre la lecture du recueil... mais faudrait que je lise au moins UN truc de Balzac ou de Dostoïevski avant!!!
Ich liebe Zweig - la lecture de février