Le faire ou mourir - Claire-Lise Marguier
Sans Cess, je ne pense que je n'aurais jamais lu ce livre. Le titre, la couverture, rien ne m'attirait. Pourtant, après son avis (et ses commentaires hors-blog), je me suis dit qu'il fallait que je tente le coup. Et j'avoue que je ne m'attendais pas à une telle claque, à de telles émotions.
Dam a 15 ans, presque 16. Il a toujours été plus ou moins le vilain petit canard de son école. Le bouc émissaire, le mal aimé. Là, il est nouveau et ça semble recommencer. Sauf que Samy et sa bande s'interposent. Les gothiques, les maquillés, piercés. Ils font limite un peu peur. Mais ils prennent Dam sous leur aile et on se plaît à espérer que ça aille mieux.
Parce que Dam est un écorché vif. Dans tous les sens du terme. Pour se libérer de toute sa douleur, il se scarifie à répétition, dans l'indifférence générale. Un père qui juge, qui le ridiculise, une mère qui ne fait rien, une grande soeur qui se permet tout, dont lui parler comme si c'était un imbécile. Ou parler de lui pour s'en moquer. Devant lui. Devant ses parents. Qui ne font rien. Damien veut être vu, considéré. Et la première personne qui le voit vraiment, qui s'en préoccupe, c'est Samy. Un garçon que je qualifierais de lumineux. Même s'il est habillé en noir des pieds à la tête.
Le ton, celui d'un journal, est extrêment juste. Parlé sans excès. Un court roman percutant, qui fait mal. J'ai souffert profondément du mal être de Damien. Des brimades que lui fait subir son père (qui m'ont rendue physiquement mal à l'aise), du silence de sa mère, des méchancetés et de l'incompréhension totale du noyau familial en général. J'ai aussi eu beaucoup de peine pour Samy qui le voit se détruire, qui fait tout bien et qui se sent complètement impuissant, dépassé. Et nous, comme lecteur, on est comme lui, on respire à peine et on se demande comment ça peut bien finir, tout ça.
La relation entre Damien et Samy est très touchante. Je ne sais pas si Damien est réellement homosexuel ou bisexuel ou s'il s'est juste tombé amoureux de la première personne qui l'a considéré en tant qu'humain, qui l'a vu et accepté tel quel. Mais ce n'est pas l'important et ce n'est pas non plus le sujet de ce roman précis, même cet aspect a son importance. N'empêche que le contraste entre la famille et la petite bande d'amis est frappant et pour Damien, c'est incroyable. Reste à voir si ce sera suffisant. Parce que bien entendu, je ne révélerai pas la fin.
À lire, définitivement. Un très beau roman jeunesse, qui va aussi faire réfléchir les adultes. J'espère.