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Les raisins de la colère - John Steinbeck

30 Octobre 2009 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature américaine

Présentation de l'éditeur
"Le soleil se leva derrière eux, et alors... brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l'immense vallée.  Al freina violemment et s'arrêta en plein milieu de la route. 
- Nom de Dieu!  Regardez! s'écria-t-il. 
Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d'arbres fruitiers et les fermes.  Et Pa dit:
- Dieu tout puissant!...  J'aurais jamais cru que ça pouvait exister un pays aussi beau."

Commentaire

Je pense que s’il n’y avait pas eu la lecture commune avec Grominou et Restling (qui n'a pas pu faire la lecture commune pour cause de PC cassé... je comprends paaarfaitement!), je n’aurais jamais eu le courage d’ouvrir ce livre.  Surtout pas en ce moment!  De Steinbeck, je n’avais lu que « Des souris et des hommes » et « À l’est d’Eden » et je savais que « Les raisins de la colère », ce n’était pas une histoire vraiment joyeuse. 

 

« Les raisins de la colère » est avant tout un roman social.  Après avoir peiné un peu au début pour entrer dans ce monde plein de poussière, d’injustices et de misère humaine, j’ai finalement suivi avec intérêt les aventures de la famille Joad, fermiers en Oklahoma chassés de la ferme familiale pour dettes impayées et partis vers l’ouest pour un monde meilleur, la Californie.  C’est que selon les prospectus, il y a là-bas du travail bien payé et une possibilité de vivre non pas riche mais sans mourir de faim.  Sauf que la vérité est toute autre.  Nous sommes avant la syndicalisation aux Etats-Unis et ceux qui ont de l’argent ne se gênent pas pour exploiter la population qui n’a plus rien et qui est prête à faire à peu près n’importe quoi pour manger et nourrir sa famille.  La révolte se prépare...

 

 Ce roman nous entraîne dans un monde sans pitié.  Pas de torture, non, mais plutôt une mort lente pour des milliers de famille qui étaient respectables et qui se retrouvent à vivre dans un camion, à douze personne, et à tenter de gagner de quoi manger pour la journée.  La famille Joad, c’est Tom, récemment sorti de prison, qui doit soudain devenir le chef de famille « intérimaire »; Man, la mère, un personnage de femme forte, qui veut garder la famille unie et garder un peu de dignité;  Pa, pas très à l’aise dans cette nouvelle situation; Al, le jeune frère qui doit grandir un peu vite, grand-père, cet homme qui se sent déraciné loin de sa terre; grand-mère, qui n’arrive pas à s’adapter; Rosasharn, enceinte, nouvelle mariée, qui a de grands rêves et qui devient véritablement femme au cours de ces mois; Connie, son mari et les deux enfants de 8 et 10 ans, qui essaient d’être encore des enfants.   Chacun évoluera à sa façon, réagira à sa façon et on réussira à comprendre un peu chacun d’entre eux, même s’ils sont parfois lâches ou parfois très courageux.

 

C’est un roman fort, qui fait réfléchir sur une situation s’étant déroulée il n’y a pas si longtemps que ça.  Pas de miracles dans ce roman, pas de grande révolution… mais on ressent la colère des hommes, on ressent le vent qui tourne.  Dans ce pays où un homme qui demande 30 cents de l’heure est considéré comme un rouge et un agitateur, rien n’est acquis.  On fait venir les hommes par milliers pour offrir le salaire le moindre possible et les résidents déjà en place ne voient pas d’un bon œil l’arrivée de ces familles qui acceptent de travailler pour presque rien.  Impossible de ne pas se révolter à la lecture de ces lignes.  Impossible de ne pas réfléchir aussi à ce qui se passe parfois aujourd’hui.  Impossible de ne pas faire des liens.  Et impossible de ne pas être touchée par ces gens qui font tout avec rien et qui n’en perdent pas leur humanité pour autant.

 

Une lecture qui dérange, donc, même si elle n’est pas facile et si le rythme est assez lent.  L’atmosphère saturée de poussière, de chaleur et de misère m’a imprégnée comme lectrice.  Certaines phrases frappent de plein fouet.  J'ai beaucoup aimé l'alternance des chapitres "généraux", plus poétiques, et ceux qui parlent de la famille Joad.  Et je pense que je n’oublierai jamais la fin du roman, qui ouvre sur un renouveau possible, même avec rien.  Surtout avec rien.

 

Plaisir de lecture : 8/10

 


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