La danse de la Méduse - Laurence Prud'homme

"Dans un chalet qui semble un vaisseau pris dans les glaces, une jeune fille emballe les affaires de sa mère disparue, en rêvant secrètement que cette nouvelle fugue soit définitive. Un à un, elle décroche les portraits qui ornent les murs, cortège fantomatique qui l'accompagne tandis qu'elle grimpe aux branches de l'arbre familial pour enfin arriver à comprendre cette mère manipulatrice. Un fil tiré dans une étoffe. Un roman qui explore la trame invisible unissant ces êtres qui gravitent autour d'une mère impossible."
Commentaire
C'est grâce à Venise que j'ai eu ce livre. En effet, elle a réussi, avec un tour de passe-passe (après le Passe-mot, les tours de passe-passe... je le jure, ce mauvais jeu de mot n'était pas voulu!!!), à me faire une surprise et à m'apporter une copie-cadeau autographiée de ce livre au Salon du livre à Montréal. Comme je pige toujours mes prochaines lectures un peu au hasard dans la terrible pile, c'est aujourd'hui que j'en ai tiré celui-ci et franchement, je remercie beaucoup Venise parce que j'ai réellement passé un bon moment!
Dans ce livre, on fait la connaissance de cinq enfants devenus adultes: Lucie, Judith et Simon, frère et soeurs, de même qu'Hirondelle, leur cousine et Sam, le fils du gardien. Et il y a aussi la mère, Mom, mère instable, excessive, fantasque, très high, très down et souvent manipulatrice auprès de ses enfants qui sont souvent plus matures qu'elle et rongés de culpabilité. Le roman nous ballade d'une époque à l'autre, de l'enfance et l'adolescence à l'âge adulte, pendant que Lucie fait le ménage du chalet de sa mère, partie pour la énième fois. Je n'ai pas eu de problème à suivre l'histoire malgré les sauts d'époque et le procédé m'a plu, de même que la narration, parfois omnisciente, parfois un peu moins, un "je" se glissant dans tout ça. Bien entendu, on devine assez vite qui est ce "je" mais comme cette découverte n'est pas le principal du roman, ça ne m'a pas dérangée.
Ce n'est plus un secret, je suis nostalgique dans l'âme. Et lorsque le mot "camp" est apparu, j'étais gagnée. Vous savez, un "camP"... pas un camp, là, un camP! Avec le /p/ final qui se prononce?? Cette genre de cabane dans le bois que plusieurs - dont moi - ont eu pendant l'enfance et l'adolescence, lieu témoin de nos jeux, de nos premières brosses et de nos premières pas mal d'affaires??? On a l'impression de voir de courts films, de courtes séquences ou alors des flashes photo qui nous sont offerts par le fameux "je". Des souvenirs parfois heureux, parfois moins heureux où plane toujours l'ombre de cette Mom imprévisible. Et j'ai beaucoup apprécié. De même, difficile de ne pas souffrir avec Judith, surtout, dans ses relations avec sa mère. Parce que bon, ce n'est pas l'horreur avec un grand H... mais quand même, c'est insidieux et j'ai ressenti l'injustice, le déséquilibre, les petites remarques qui doivent toucher droit au coeur et surtout l'impuissance face à cette mère omniprésente, celle dont le regard glace tout sur son passage, tout en tentant d'aimer ses enfants. Tout ça sans tomber dans le total mélo. Je sens que je me suis pas claire!!!
Et la Méduse, dans tout ça? Et les perséides? J'ai apprécié de pouvoir comprendre les allusions avec mon - très limité, je l'avoue - savoir à ce sujet. Bon, ok, il y a l'usage du mot "Mom" et "Grand-Mom" qui a fini par m'énerver un peu (je suis bizarre, avec ces mots-qui-m'agacent, je sais) J'admets aussi que certaines scènes m'ont paru moins utiles à l'histoire et que j'aurais peut-être préféré que quelques détails plus sous-entendus mais en gros j'ai bien aimé la plume, ses images m'ont parlé et je relirai sans doute autre chose de Laurence Prud'homme.
8/10