La forme de l'eau - Andrea Camilleri

"À Vigàta, Sicile orientale, pour s,en passer, il s'en passe des choses au bercail, mi-terrain vague, mi-décharge publique, hanté par des couples en mal de sensations fortes, où dealers et prostituées font leur petites affaires. Un type qui trépasse entre les bras de sa dulcinée d'un moment, ce n'est pas monnaie courante, mais ça arrive. Cela dit, lorsque le type s'appelle Luparello et que c'est le parrain politique local, tout le monde s'affole. La Mafia, les politiques, les autorités religieuses... Seul le commissaire Montalbano, un homme bourru, flegmatique et terriblement "sicilien" garde son sang-froid, habitué qu'il est à louvoyer dans des zones grises et glauques où la loi et son contraire ont tissé des liens étroits."
Commentaire
J'avais depuis un bon moment le goût de découvrir les aventures de Montalbano et ce livre a sans crier gare volé de l'étagère vers mes mains lors du dernier salon du livre (bon, ok, je l'ai peut-être aidé un peu... mais si peu!!!). Premier commentaire: je n'ai jamais autant regretté de ne pas parler italien! Je ne crois pas que le latin antique appris au secondaire (et que je lisais, étonamment, presque couramment, au grand désespoir de mon professeur qui devait encore analyser les versions qu'il nous donnait armé d'un crayon et d'un dictionnaire...) aurait pu m'aider dans ce cas-ci!! Car dans la préface - très intéressante, soit dit en passant - du traducteur, on nous explique que livre est écrit en italien et en dialecte sicilien. C'est le genre de chose que j'aurais carrément adoré pouvoir lire en VO... mais bon, vraisemblablement, ça n'arrivera pas!!!
En effet, j'ai réussi à sentir les deux ou trois niveaux de langage différents... uniquement grâce à la syntaxe par contre. Le vocabulaire utilisé pour représenter le dialecte sicilien est tiré - si j'ai bien compris - d'un parlé spécifique à une région méridionale de la France. Et pour la québécoise que je suis, l'argot méridional, l'argot parision, l'argot du nord... c'est carrément tout pareil (ne pas taper... je mets au défi les européens de distinguer, à l'écrit, le parler de Montréal, du Saguenay ou même du Nouveau Brunswick!!!). J'ai ainsi dû manquer plusieurs subtilités de langue et la fanatique du langage que je suis en a été un peu déçue... Il me semble qu'il doit y avoir tellement de choses intéressante dans ce mélange de langues et de dialectes!
De plus, tout sent la Sicile, dans ce roman! Le système de références est différent, la Liggi et "les autres" ne sont pas si séparés que ça, il y a les vraies lois, les lois tacites... La vérité varie dépendant de la personne à qui on la dit!! Tout est un peu tordu, un peu (beaucoup) corrompu... mais ça passe! Le commissaire Montalbano est est d'ailleurs comme un poisson dans l'eau à travers ce système et il m'a semblé éminemment sympathique malgré tout! Je ne suis jamais allée en Sicile et je parle donc à travers mon chapeau... mais l'auteur a selon moi réussi à recréer une portion de ce monde qui réussit à nous y transporter le temps de ces deux cent cinquante pages.
Ce que j'ai moins aimé, c'est l'intrigue, assez prévisible, avec beaucoup de personnages que j'ai quand même su associer très rapidement à leur rôle dans l'intrigue (bon, en plus, j'ai eu du mal avec les noms, ce qui n'a pas nécessairement aidé!) et assez peu de suspense. Le commissaire y va un peu à l'aveuglette, suit son intuition et sa profonde connaissance de ce petit monde Sicilien. Le tout m'a semblé quelque peu effleuré, sans aller en profondeur. Quelques pages de plus pour fouiller davantage, peut-être... J'ai par contre aimé la finale... ce qui se passe, et ce qui ne se passe pas! Typique!!
Bref, j'ai aimé l'ambiance, j'ai aimé le personnage principal mais moins l'intrigue. Ça ne peut vouloir dire qu'une chose: il me faut lire d'autres livres de la série du commissaire Montalbano, peut-être que l'histoire me plaira davantage et j'aurai le plaisir d'y retrouver ce que j'ai aimé!!
7,5/10