Un héros de notre temps - Mikhail Lermontov
Présentation de l'éditeur
"Voulitch s'assit à la table... Ses lèvres pâles sourirent; néanmoins, malgré son sang-froid, il me sembla lire sur son visage pâle la marque de la mort.
"Vous mourrez aujourd'hui", lui dis-je. Il se tourna vers moi rapidement, mais me répondit avec calme et lenteur: "Peut-être que oui, peut-être que non..."
Ensuite, s'adressant au major, il lui demanda si le pistolet était chargé."
Commentaire
Depuis ma lecture de "La princesse Ligovskoï", j'avais vraiment très envie de découvrir le seul roman terminé de Lermontov, son style m'ayant beaucoup plu. Suite à un envoi de fée marraine Delphine, Pimpi et moi avons décidé de le lire simultanément. En en discutant de long en large en plus. Il est donc genre légèrement possible de trouver des similarités dans nos billets et non, ce n'est pas le fruit du hasard.
Ce roman est assez particulier car il s'agit en fait de 4 "nouvelles" mettant en scène le personnage de Pétchorine, que nous retrouvions déjà dans La princesse Ligovskoï (amorcé en 1836, soit avant celui-ci, mais resté inachevé). Dans la première nouvelle, un témoin raconte sa rencontre avec Péchorine dans le Caucase alors qu'il rencontre Bella, une jeune tcherkesse. Vient ensuite le journal de Pétchorine où on nous raconte son histoire dans un village où il surprend des contrebandiers (Taman), son aventure dans une ville d'eau (La princesse Mary), et l'histoire d'un homme, Voulitch, prédestiné... ou pas (le fataliste). Ceci crée dont une bizarre de continuité dans le roman et même si j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur en général, il demeure que je reste avec un sentiment de décousu.
La première nouvelle, un récit enchassé entre un voyageur et Maxime Maximytch, nous fait découvrir Pétchorine de l'extérieur. Toutefois, pour moi, le véritable héros de cette partie du roman, c'est le Caucase, avec ses paysages à couper le souffle, ses hautes montagnes, ses neiges folles et ses ruisseaux. Les descriptions sont magnifiques et ma foi très évocatrices. Si j'ai apprécié la poésie de la langue et que l'histoire est intéressante, j'ai quand même mis un moment à y entrer. Il faut quand même bien s'accrocher pour savoir qui parle quand et si on est dans le présent ou dans le récit qui est raconté. Toutefois, par la suite, avec le journal de Pétchorine, le ton change résolument et le style devient tout de suite beaucoup plus facile à lire.
On sent immédiatement la différence entre les deux narrateurs et j'ai trouvé que l'auteur faisait là preuve d'une grande maîtrise. Le récit de Pétchorine est ma foi savoureux. S'il y a moins d'humour que dans La princesse Ligovskoï, nous retrouvons quand même ce ton complètement irrévérencieux, hautain, d'une terrible franchise, avec également un accent de mauvaise foi qui m'avait tant plu. En effet, notre homme est plutôt un anti-héros. Manipulateur à souhaits, il s'amuse des sentiments des gens. Il est blasé, s'ennuie, est calculateur et, en pleine jeunesse, s'imagine déjà tout derrière lui. Il serait ma foi tout à fait détestable sans une certaine ironie, des remarques vives et des petits éclairs d'humanité, parfois, à l'occasion. Je dois avouer que ma préférence va sans hésiter au récit intitulé "La princesse Mary", où l'on retrouve des personnages connus et qui est plus "mondain" que les autres, qui se passent davantage dans le contexte de de l'armée.
J'ai donc beaucoup aimé. Le style me plaît particulièrement et cette vision du "héros de son temps", vu par Lermontov, est assez désabusée et cynique pour me rejoindre. Car il s'agit également d'une critique d'une certaine couche de sa société où cet "ennui" est à la mode et où tout le monde joue du chacun pour soi. À noter que la scène du duel est particulièrement réussie (j'en tremblais et je suis restée figée à la fin) et qu'elle a été presque prémonitoire (ou alors l'inspiration) du duel qui a entraîné sa mort, alors qu'il n'avait que 27 ans. J'aurais bien aimé qu'il écrive un peu plus, moi.
Ok, allons-y, maintenant, c'est la ronde des logos!
Oui, c'est presque plus long que le billet. Et encore oui, vous pouvez vous moquer!
Parce qu'il est mort avant 35 ans, et d'une façon particulière (dans un duel) en plus.
Roman qui se passe pendant une guerre. La guerre du Caucase, dans ce cas-ci. Bon, c'est en arrière plan mais c'est quand même pendant une guerre!