The Blythes are quoted - Lucy Maud Montgomery
Présentation de l'éditeur
"The Blythes are quoted" est le dernière fiction de la célèbre auteure de Anne... la maison aux pignons verts. Lucy Maud Montgomery le voyait comme un neuvième volume de la série Anne - il a été emmené à l'éditeur le jour même de sa mort - et il n'a jamais été publié entièrement.
La redécouverte de ce volume met un point final à l'oeuvre d'une auteure dont le travail continue à fasciner les lecteurs partout à travers le monde."
Commentaire
Quand j'ai lu "un neuvième livre de la série Anne" qui nous la montre 20 ans après "Rilla of Ingleside", je n'ai fait attention à rien. Il me le fallait, c'était simple. Le petit monde et la petite famille d'Anne, je les aime depuis des années, en fait. C'est comme si je les connaissais. Bon, il y a bien entendu Anne et Gilbert, toujours en amour après tant d'années mais aussi leurs enfants, Jem, courageux et turbulent, les jumelles Di et Nan, Walter, le poète, Shirley et la petite Rilla, qui doit grandir bien vite et être une héroïne pendant la première grande guerre. Mais ce sont aussi les Meredith, la famille Ford, Susan Baker et tous ceux d'Avonlea, que nous perdons un peu de vue à partir du 5e livre. Bref, il me tardait de me replonger dans ce petit monde.
Après ma lecture, je suis un peu perplexe. Bon, "neuvième livre de la série Anne", c'est quand même un peu forcé, selon moi. Le livre est en fait un recueil de 15 nouvelles où la famille Blythe apparaît, parfois en personnages secondaires ou parfois juste dans les paroles ou pensées des personnages. Ces nouvelles sont entrecoupées de poèmes attribués à Anne ou à Walter et de courts dialogues par les gens d'Ingleside après ceux-ci. Par courts, je veux dire quoi... une demi-page à une page. Le recueil est divisé en deux parties, la première se déroulant avant la première guerre mondiale et la deuxième après celle-ci. Avec les conséquences que l'on connaît quand on a lu "Rilla". Il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas une "histoire d'Anne" ou de sa progéniture. D'ailleurs, j'avais déjà lu une version des nouvelles (du moins la plupart d'entre elles" dans "The road to yesterday" il y a plusieurs années. Sans vouloir médire, j'ai eu l'impression que l'auteure a voulu profiter du succès de sa série quand elle a pensé à ce livre. Il faut savoir qu'à la fin de sa vie (en 1942), elle n'allait pas très bien et que sa mort n'est peut-être pas accidentelle. (Je sais, aucun rapport ici... mais bon, quand même).
Si j'ai eu un peu peur à la première nouvelle (celle que j'ai le moins aimée) qui nous amène dans une maison supposément hantée, avec une chute plus qu'évidente, je suis quand même plongée dans cette lecture et dans ce petit monde. Si les thèmes sont parfois un peu plus sombres (ce sont d'ailleurs les nouvelles que j'ai préférées. Je pense à "Retribution" ou encore "the commonplace woman"), relatant des querelles, des haines, la mort ou la vieillesse, nous avons aussi plusieurs histoires classiques de l'auteure où on parle d'amour au premier regard ou encore d'amour d'enfance ou d'adolescence perdu puis retrouvé 20 ans plus tard, des orphelins qui cherchent une famille, des foyers constitués. On y voit encore ces descriptions de paysages, cet amour de la nature, mais on rencontre parfois certains personnages sont parfois vraiment petits ou mesquins. Bien entendu, beaucoup de jeunes filles pures, belles, aux teint crémeux et d'hommes rêveurs et passinément amoureux. C'est quand même Lucy Maud Montgomery.
Les poésies sont très "Anne", elles parlent de la nature, de la beauté, des lieux des personnes qu'elle a aimées. Pour vrai, elles ont été publiées par LM Montgomery et ont été réattribuées à Anne par la suite. Par contre avec les dialogues qui suivent et qui les expliquent un peu, c'est très crédible et ce sont d'ailleurs les parties que j'ai préférées, car Anne, Susan, Gilbert et les enfants sont là et on nous rappelle des aventures passées à Avonlea ou encore à Ingleside ou dans la maison de rêve. La guerre s'y profile aussi et le ton change résolument dans la seconde partie, plus sombre, plus triste, presque amère à l'occasion. On sent que l'auteure a changé d'opinion par rapport à cette Guerre (on s'entend, dans Rilla of Ingleside, les pacifistes étaient des mauvaises personnes et la guerre était pour préserver la beauté partout dans le monde) alors que la deuxième guerre fait rage et qu'on sent que pour elle, tous les sacrifices ont été faits pour rien. Certaines phrases sont ma foi bien tristes et on ressent beaucoup de nostalgie.
Bref, des nouvelles un peu doudou, malgré les thèmes. Sauf que j'ai un bémol majeur: les fameuses références par tout le monde - et à toutes les occasions possibles - à la famille d'Ingleside. Je croyais que ça me plairait (n'importe quoi pour revoir Anne et son petit monde) mais à force, ça devient lassant, lassant! Lassant et agaçant. Vraiment. En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que j'aime tant Anne parce que justement, elle n'est pas parfaite. Oui, elle est douée pour le bonheur et pour se faire aimer, mais elle est gaffeuse, un peu impulsive, exaltée. Mais là, c'est Sainte Anne. Et Saint Gilbert. Et Saints tous leurs enfants. Et Ingleside est la plus belle maison, la plus chaleureuse. Tout rappelle Ingleside. Il suffit qu'une demoiselle soit jolie pour qu'elle rappelle à tout le monde Mrs. Doctor Blythe. Ou qu'un amour perdu depuis 20 ans ait les yeux verts pour qu'on la compare à Anne. Les Blythe ne se trompent jamais, ils sont beaux, gentils... même ceux qui les adorent pas en parlent sans arrêt. Les courtes scènes à Ingleside nous révèlent que bon, tout n'est pas si rose, mais tout de même. Très très énervant.
Malgré tout, ce fut un agréable moment de lecture. Comme je n'adore pas les nouvelles, je n'ai pas été transportée mais j'aime toujours l'humour léger, l'ode à la beauté et à la chaleur humaine. À toutes les fois que je lis cette auteure, j'ai le goût d'appeler le Tardis pour aller faire un tour à cette époque pour me balader dans la vallée Arc-en-ciel ou sur le bord de l'eau à Four Wind Harbor. Je me revois enfant et ado, qui croyait que le seul vrai amour, c'est celui qu'on connaît toute notre vie et qui commence par une terrible chicane. On s'y sent bien, dans ces romans. Je sens d'ailleurs que je vais bientôt relire les tomes 1-2-3 et 8... mes préférés. J'en ai une envie folle, maintenant.