Le grand Coeur - Jean-Christophe Rufin
Moi qui cherchais un roman historique qui m'accrocherait, j'ai bien réussi avec celui-ci! Ce roman nous amène à la fin du moyen-âge (du moins, je pense...), sous le règne de Charles VII. Le grand Coeur dont il est question dans le titre, c'est Jacques Coeur, argentier du roi. Fils d'artisan, il va connaître bien des hauts et des bas, va fréquenter des rois, des reines, des papes, s'illustrer dans le commerce, jusqu'au moment où il nous raconte ses mémoires, exilé et fugitif à Chio, une île grecque.
C'est donc un ouvrage entre biographie (très) romancée et roman historique qui nous est offert. Jacques Coeur nous raconte son histoire, depuis l'enfance jusqu'à la fin de sa vie, ce qui donne un côté nostalgique au récit, tout en permettant au personnage de jeter un regard parfois critique sur ses motivations, ses décisions et son oeuvre en général. C'est que, souvent, même nos moins bonnes décisions nous paraissent géniales quand on réussit à s'en convaincre. Le héros n'est pas toujours sympathique, souvent opportuniste, il est excellent pour se donner bonne conscience... mais on sent qu'il évolue dans toute son ascension et sa chute.
Si la première partie est un peu lente (je n'avais AUCUNE idée de qui était Jacques Coeur - oui, je sais... no comment - alors je ne savais pas du tout où ça s'en allait), le récit s'anime par la suite et nous voilà plongés dans l'histoire (et dans les recherches internet). L'auteur a grandi à Bourges, près du palais de Jacques Coeur. Comme le personnage est quand même bien connu, il s'est rapproché le plus possible des faits historiques et a concentré dans les sentiments et les motivations la partie romancée. Dans la relation du héros avec Agnès Sorel également car dans les faits, nous n'en savons pas grand chose.
Le côté historique m'a paru extrêment intéressant. Je ne connaissais pas du tout la période, je ne connaissais pa non plus cet essor économique et capitaliste. L'image de l'époque dépeinte est-elle réaliste? Je ne sais trop. Ce n'est pas l'un de ces romans qui nous fait revivre le moyen-âge et qui regorge de détails "d'époque", même si on nous décrit quelques coutumes et si on réalise que dans cet univers rempli de complots et de jalousies, la stabilité et la "sécurité d'emploi" auprès du roi était disons... discutable! Par contre, les personnages sont vivants et l'auteur a su rendre ces personnages morts depuis 500 ans très réels. Et je suis ravie de savoir d'où vient le surnom "Dame de Beauté" d'Agnès Sorel!
J'ajouterai à ce commentaire que j'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur, qui reste fluide et agréable tout au long de ces 600 pages. En gros? Il faut un peu s'accrocher au début... mais ça vaut le coup! Un autre roi de France que je vais maintenant "bien" connaître. Pour une fille qui a appris sa royauté avec Dumas (oui, oui, je sais... c'est un peu approximatif comme truc) et Anne Golon, c'est pas mal, n'est-ce pas! Bref, très intéressant!