La marche en forêt - Catherine Leroux
Présentation de l'éditeur
"C'est l'histoire d'une famille racontée à travers ses membres, ses lieux, ses satellites. Un chef de clan amoureux de sa reine, qui vit sans le savoir un compte à rebours. Une demi-soeur qui ne veut plus parler à qui que ce soit pour le reste de ses jours. Un fils violet et sans remords réfugié derrière un écran. Une tante qui cherche à se guérir à coups de séances de spiritisme. Une mère qui préfère la chasse aux berceuses. Une petite-cousine qui lance des pierres.
Dans le tic-tac d'une horloge ancestrale ou au son d'un tambour de guerre, les secrets éclatent, les lient se créent ou se rompent au gré des secousses, les vies commencent ou se terminent dans le même champ gravitationnel qui a pour centre la maison familiale.
Premier roman au grand pouvoir d'évocation, La marche en forêt est une fresque foisonnante dont l'harmonie se précise petit à petit, où les destins individuels constituent les pièces vivantes de l'immense casse-tête qu'est la famille."
Commentaire
J'ai acheté ce livre presque lors de sa sortie, l'an dernier. Je n'en avais jamais entendu parler mais j'ai été fascinée par la couverture, avec ces lampes allumées dans un sentier difficile, en pleine forêt. Et j'ai bien fait de me laisser tenter parce que j'ai beaucoup aimé ce roman étrange qui m'a envoûtée.
C'est donc une saga familiale, mais pas une saga ordinaire, avec une histoire bien linéaire, un début et une fin. C'est plutôt un récit hors du temps qui nous est offert, où histoires, époques et destinées s'emmêlent avec un ordre certes logique mais pas du tout chronologique. On nous peint ce portrait par petites touches, avec des scènes signifiantes quoique parfois banales, comme un tableau dont on ne peut voir l'ensemble qu'avec du recul. Je me suis attachée à cette famille dans son ensemble, à certains de ses membres plus qu'à d'autres mais l'auteur a réussi à me les rendre tous très vivants en très peu de pages, malgré leur nombre. Et ça, c'est selon moi remarquable.
Je pourrais reprocher une surabondance de secrets et de petits drames pour une même famille mais j'ai aimé découvrir petit à petit les liens entre les personnages, leurs petits secrets, leurs ambitions. Les liens apparaissent graduellement, on se promène dans les courts chapitres d'un côté à l'autre de l'arbre généalogique des Brûlé, on ne précise jamais à quel moment ce passe ce fragment précis, mais je ne me suis jamais sentie perdue. Et ce qui m'a surtout plu, c'est que Catherine Leroux fait confiance à son lecteur. Elle ne se sent pas obligée d'expliciter, de préciser les sentiments, les liens, les raisons de chaque acte. Elle nous laisse nous faire notre propre opinion, nous force à y réfléchir et ça, j'aime toujours. J'aime quand on ne me dicte pas quoi penser.
J'ai aimé l'histoire d'Emma, qui épouse un homme plus vieux qui perd graduellement ses souvenirs. J'ai aimé Pascal, un peu à l'écart de tout ça, j'ai aimé Françoise et tous ses efforts pour aimer quand même... et plusieurs autres. J'ai aussi aimé que tout ne soit pas parfait, que tout ne soit pas un "ils vécurent heureux". J'ai adoré la plume de l'auteur où se mêlent poésie subtile, images fortes et simplicité du quotidien. À chaque fois que je lis du québécois, je ne peux m'empêcher de m'y sentir chez moi, dans cette langue qui est la mienne. Bref, plein de choses m'ont plu!
Bref, une lecture qui m'a beaucoup plu, un premier roman en plus. Je surveillerai certainement les prochaines publications de l'auteur. Et je vous laisse sur une image d'Amélie, personnage qui m'a beaucoup touchée, qui rêve que chacun des membres de sa famille est relié par un rayon de lumière. Bizarrement, pour moi, qui suis très attachée à ma famille, ça m'a réconfortée... étrange, n'est-ce pas!