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L'homme est un grand faisan sur terre - Herta Müller

14 Février 2010 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature Europe (autre)

faisan-sur-terre.jpgPrésentation de l'éditeur
"Roumanie. Depuis que le meunier Windisch veut émigrer, il voit la fin partout dans le village. Peut-être n'a-t-il pas tort. Les chants sont tristes, on voit la mort au fond des tasses, et chacun doit faire la putain pour vivre, a fortiori pour émigrer. Windisch a beau livrer des sacs de farine, et payer, le passeport promis se fait toujours attendre. Sa fille Amélie se donne au milicien et au pasteur, dans le même but. Un jour, ils partiront par l'ornière grise et lézardée que Windisch empruntait pour rentrer du moulin. Plus tard, ils reviendront, un jour d'été, en visite, revêtus des vêtements qu'on porte à l'Ouest, de chaussures qui les mettent en déséquilibre dans l'ornière de leur village, avec des objets de l'Ouest, signe de leur réussite sociale, et, « sur la joue de Windisch, une larme de verre »

Commentaire

C'est dans un trip "je veux lire de la littérature de langue allemande" (c'est totalement la faute à Stefan... qu'il se le tienne pour dit), que j'ai choisi de lire un roman de Herta Müller, gagnante du prix Nobel 2009.  J'ai pris ce court roman parce que je ne comprenais rien au titre mais que je trouvais que ça sonnait merveilleusement beau!  Et sans n'avoir "rien" compris au livre... je peux dire que je n'ai décidément pas tout compris.. mais que j'ai trouvé l'écriture, très poétique, merveilleusement belle, malgré sa simplicité.  J'ai adoré lire des phrases à voix hautes mais à plusieurs reprises, je me suis fait la réflexion que si j'avais dû faire une dissertation sur la signification de ce que je lisais, je n'aurais pas une très bonne note!!!

Nous sommes donc en Roumanie, sous Ceaucescu.  Windish fait partie de la communauté Souabe, minorité allemande.  Minorité pas nécessairement bien vue.  Tout le village n'a qu'un souhait; émiger, s'en aller, pour avoir une vie meilleure.  Et les papiers font soumis à la loi de l'offre et de la demande car l'état pèse et il n'y a pas beaucoup d'espoir pour ceux qui veulent rester.  Ceux qui peuvent s'enrichir de ce désir qu'on les autres de s'en aller ne se gênent pas pour le faire et la corruption est la norme.  Windish a une femme et une fille, qui ne répondent pas à ses attentes et de qui il s'éloigne.  Le contraire est également vrai.  Et ils vivent d'attente, en étant prêt à faire n'importe quoi pour partir car tout lui semble vide, inutile. 

Le thème n'est pas joyeux et le roman ne l'est pas non plus.  C'est très sombre, très lent... nous sommes aussi en attente (on s'entend, ce n'est pas un roman d'action.  Loin de là. Très loin de là), nous sombrons dans le même état que Windish et l'ensemble du village.  L'écriture est hachée, distante mais aussi remplie de poésie et d'images.  Certaines phrases, je les ai lues à haute voix juste pour le plaisir de voir se créer des images devant mes yeux.  Est-ce que j'ai compris chacune d'entre elles?  Euh... non.  J'ai parfois eu l'impression d'avoir le cerveau d'un verre de terre.   Müller réussit, malgré son écriture dépouillée, à nous plonger dans un état bien représentatif de l'atmosphère de son roman.  Une atmosphère désabusée, désespérée, résignée aussi, malgré les espoirs de partir. 

Et la scène du retour m'a réellement touchée.  J'ai ressenti avec eux cette impression de ne faire partie de rien...  Très, très triste.  Je ne sais pas si je me ruerai sur un autre roman de l'auteur (bon, en fait, je sais, je ne me précipiterai pas... mais je ne dis pas non à retenter le coup) mais c'est une découverte que je suis bien contente d'avoir faite.

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