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Désolations - David Vann

12 Septembre 2011 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature américaine

Desolations.jpgPrésentation de l'éditeur

"Sur les rives d'un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes.  Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminéà bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé.  Irène se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de têtes qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit.  Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans ce projet démesuré.  Leur fille Rhoda, toute à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents tandis que s'annonce un hiver précoce te violent qui rendra l'îlot encore plus inacessible."

 

Commentaire

De tous les livres de la rentrée littéraire, c'était le seul que j'attendais de pied ferme et que je voulais ab-so-lu-ment lire.  En fait, c'est qu'il me fait un drôle d'effet, David Vann.  Ses livres me laissent une impression énorme, limite dérangeante et pourtant, j'ai une difficulté folle à aimer ses personnages.  En fait, dans le cas de ce livre-ci, je les ai - presque - tous trouvés carrément détestables.  Et pourtant, pourtant, j'ai dévoré ce livre sans être capable de le reposer. 

 

Ce roman nous ramène encore une fois en Alaska et reprend un thème qui avait été exploité d'une certaine manière dans Sukkwan Island: une obsession à vivre sur une île reculée, loin de gens, avec la nature.  L'attrait d'une vie dure mais intense.  En effet, Gary, la cinquantaine, s'est mis en tête que c'était maintenant qu'il voulait construire dans sa cabane sur Caribou Island.  Sans moyens.  Sans aide. Sans permis.  Et il veut y passer l'hiver, avec Irène, sa femme, qui le suit mais qui est ma foi beaucoup moins enthousiaste que lui face à ce projet.    Répétition du précédent roman?  Non, pas du tout, en fait.  Bien que des thèmes soient récurrents, la construction est tout à fait différente et nous ne somme pas non plus dans un huis clos entre deux personnages.

 

Parce que dans l'histoire, il y a aussi Rhoda, la fille du couple, qui veut se marier avec Jim, un dentiste de 11 ans son aîné.  Il y a aussi Mark, le fils, qui vit avec Karen. Pêcheur, éternel ado, éternellement défoncé.  Et Monique et Carl, de passage en Alaska.  Plusieurs de ces personnages sont désabusés, désillionnés, et tentent de se sentir vivants à leur manière.  Et disons que l'auteur ne dresse pas un portrait très flatteur de l'humain et de son âme éternelle.  Parce que c'est incroyable ce que ces personnages sont venus me chercher.  Dans le sens de "ils m'ont fait grincer des dents".  J'avais le goût de griffer Gary, de secouer Irène, de botter le derrière de Mark, de gifler Monique...  et la liste n'est pas exhaustive.  Tandis que d'un autre côté, pour certains, je pouvais limite comprendre leur détresse.   Quand je me prends à invectiver des personnages toute seule dans mon salon ("non mais va-t'en!  VA T'EN!  Tu vois ben que c'est de la folie folle... VA T'EN!"), c'est que l'auteur a réussi un véritable tour de force. 

 

Malgré le rythme lent, je n'ai pas ressenti une minute d'ennui.  La tension monte graduellement, subrepticement, jusqu'à ce qu'on réalise qu'on retient notre souffle.  J'ai été transportée sur cette île, j'ai vu la cabane se bâtir, j'ai pressenti le drame, impuissante, comme Rhoda, à faire quoi que ce soit.   Le portrait de l'Alaska qui est dépeint est à la fois magnifique et terre à terre, mettant en contraste de fabuleux paysages avec le quotidien des gens, les entrepôts vides et les champs transformés en dépotoirs à voitures.  Et à côté de toute cette grisaille monotone, les éléments se déchaînent et entraînent les personnages au bord de la folie.  Ça donne le goût d'aller se rouler sur les glaciers... mais surtout pas d'y vivre. 

 

Un roman qui n'a pas été une grande claque comme Sukkwan Island mais qui m'a quand même remuée et remplie de sentiments contradictoires.  Merci  Gallmeister!

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