Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - Stefan Zweig


"Scandale dans une pension de famille "comme il faut" sur la Côte d'Azur du début du siècle: Madame Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée... Seul le narrateur tente de comprendre cette "créature sans moralité", avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a raminés chez elle. Ce récit est celui d'une passion foudroyante."
Commentaire
Ayant ouvert ce livre avant de me mettre au lit, avec dans l'idée de lire quelques pages avant le dodo, je n'ai réussi à le refermer qu'une fois les 127 pages qui le composent aient été lues, comme ça, d'une traite. C'est qu'une fois l'histoire de ces vingt-quatre heures commencée, il m'a été carrément impossible de sortir de cette bulle passionnée où la raison n'est que secondaire et où tout peut basculer. Cette fois encore, Zweig a réussi à m'emporter, à me faire vivre les émotions de ses personnages, cette passion concentrée... à tel point que ça y est, je suis complètement fébrile et je ne m'endors plus du tout!!!
Le livre s'ouvre sur un décor de pension de famille et le narrateur sera celui qui recueillera les confidences de Mrs. C..., cette dame anglaise très comme il faut, qui lui racontera un épisode de sa vie dans une sorte de confession. J'ai adoré l'écriture de Zweig, précise, émotive. J'ai été carrément happée. Sinon, comment expliquer que je ne me sois nullement ennuyée pendant les cinq pages où il décrit... des mains! Méchant tour de force! J'ai vu la salle du casino, j'ai été sous la pluie et je me suis baladée sous le soleil de Monte Carlo. J'ai vécu la passion de ces vingt-quatre heures hors du temps. J'y étais, ni plus, ni moins!
Ce livre est pour moi un message de tolérance, le respect et l'écoute et en même temps une dénonciation (je n'aime pas ce mot... ce n'est pas exactement ça que je veux dire mais je ne trouve pas mieux) du "paraître à tout prix" dans une bonne société un peu hypocrite qui juge rapidement, sans pardon, sans entendre, en se fiant aux apparences et aux seules convenances de la dite "bonne société". Cette dame maintenant âgée de 67 ans, si convenable, est déchirée par l'angoisse et le souvenir de cette seule nuit où la raison a perdu le contrôle. Tout ça par peur du jugement, celui des autres et le sien.
Un excellent - et intense - moment de lecture. Je lirai définitivement autre chose de Zweig... il me transporte à chaque fois!
9/10