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Une maison de poupées - Henrik Ibsen
Présentation de l'éditeur (celle du livre de poche)
"Dans cette maison où la femme est et n'est qu'une poupée, les hommes sont des pantins, veules et pleutres.
Sans doute Nora incarne-t-elle une sorte de moment auroral du féminisme, alors qu'être, c'est sortir, partir. Et Ibsen, grâce à ce chef-d'œuvre, accède au panthéon de la littérature mondiale. Mais si sa poupée se met, sinon à vivre, du moins à le vouloir, au point de bousculer au passage l'alibi de l'instinct maternel, c'est qu'autour d'elle les hommes se meurent. Ibsen exalte moins Nora qu'il n'accable le mari, l'avocat Helmer, ou Krogstad part qui le chantage arrive."
Commentaire
J'avais le goût de lire du théâtre. Voilà donc pourquoi j'ai sorti Ibsen de ma pile. Oui j'ai lu une traduction en anglais, c'est la seule que j'ai trouvé quand je l'ai acheté il y a de ça... quelques années! Je me demande d'ailleurs encore pourquoi j'ai autant attendu parce que j'ai vraiment été agréablement surprise par cette pièce, que j'ai définitivement beaucoup, beaucoup aimée.
Il faut d'abord savoir que la pièce a été écrite fin 19e, si ma mémoire est bonne (parce que oui, je me fie à ma mémoire et je suis trop paresseuse pour aller vérifier, là, maintenant). On y peint un portrait de la petite bourgeoisie norvégienne qui, s'il ne nous surprend guère, a quand même fait réagir fortement la fille d'aujourd'hui que je suis. Pas de grands discours, un texte avec des dialogues qui vont droit au but, directement, mais qui frappent. J'ai littéralement grogné après certains personnages du roman et je ne saurais dire lequel de Torvald ou de Krogstad m'a le plus fait rager. Même que le livre a failli voler à travers la pièce tellement je les trouvais odieux à l'occasion!
La pièce démarre lentement, nous faisant entrevoir ce petit monde d'apparence où personne n'est ce qu'il semble être réellement. Nora est un petit oiseau joyeux et irresponsable qui met de la vie dans sa maisonnée. Traitée comme une enfant par son mari, qui l'aime justement pour son côté innocent et tête de linotte, c'est elle la femme-poupée de l'histoire. Celle qui charme, qui ne réfléchit pas. Elle est ravie, son mari a eu une promotion et ils auront bientôt un train de vie plus aisé. Et soudain, un nuage noir. Un gros nuage noir. Et avec ce chantage, Nora sera mise face à ses décisions passées et présentes, face à ce qu'il est "de bon ton" de penser et face à ce qu'elle ressent vraiment, face à ce qu'elle est réellement comparativement à ce que l'on voudrait qu'elle soit.
L'évolution se fait graduellement, parce qu'elle n'a pas le choix. Elle est dominée tout le monde, est un peu à leur merci et ne sait trop comment réagir. Elle est tour à tour déçue par ceux qu'elle croyait connaître et aimer. Les femmes de la pièce se sont sacrifiées pour les autres, ce n'était sans doute pas anormal à l'époque. Les femmes sont des mères, des épouses. Pas nécessairement dans cet ordre. Et surtout, elles ne sont rien d'autre. J'imagine que la finale a dû faire parler lors de la sortie de la pièce car elle est tout de même résolument moderne.
Bref, une pièce que j'ai beaucoup aimée, que j'ai relue deux fois pour mieux apprécier l'évolution de Nora et ses décisions, les anciennes comme les nouvelles. Et je suis totalement certaine que je verrai d'autres chose quand, un jour, je la relirai. Vraiment, j'ai beaucoup aimé!