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Les Onze - Pierre Michon
Présentation de l'éditeur
"Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.
Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l’an II et la politique dite de Terreur.
Mais qui fut le commanditaire de cette oeuvre ? A quelles conditions et à quelles fins fut-elle peinte par François-Elie Corentin, le Tiepolo de la Terreur ?
Mêlant histoire et fiction, Michon fait apparaître, avec la puissance d’évocation qu’on lui connaît, les personnages de cette « cène révolutionnaire », selon l’expression de Michelet qui, à son tour, devient l’un des protagonistes du drame.
Commentaire
Vous savez, il y a certains livres qui nous remettent notre inculture en pleine face. Celui-ci, pour moi, a fait partie de ceux-ci. Quand on me lit pendant plus de 10 secondes, on réalise assez rapidement que je ne suis pas Française. Ni européenne, d'ailleurs. De la révolution française, je connais quelques bribes, quelques noms, pas toujours bien placés dans la grande fresque de l'Histoire, d'ailleurs. Du coup, quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre que le tableau dont on parle dans ce roman - que je m'étonnais un peu de ne pas avoir vu lors de mes visites au Louvre, d'ailleurs - était totalement fictif, de même que le peintre qui l'a supposément créé. Disons que je me suis sentie un peu heu... nounoune, comme on dit par ici.
Je sens donc que je vais avoir du mal à parler de ce roman. Parce que si j'ai apprécié la langue et que j'ai apprécié le portrait tout en teintes de gris qui est brossé de ces personnages historiques, j'ai parfois eu du mal à distinguer réalité et fiction, ainsi qu'à apprécier les références que le roman comporte fort probablement. J'ai aussi dû relire le premier chapitre deux fois... parce que je me croyais devenue un peu limitée cognitivement; je ne comprenais absolument pas de qui on nous parlait ni de quoi il était question. Ça n'allait pas super bien, en fait.
Par contre, par la suite, j'ai adoré la façon qu'a l'auteur de décrire des scènes d'une époque, la Terreur. Des image brèves mais vivaces, qui nous font passer d'une première partie où le peintre Corentin n'est qu'un enfant à une seconde partie où l'artiste, déjà vieux et sous les ordres de David, va peindre le plus grand tableau de tous les temps. Ces "onze", ce sont les onze membres du Comité. Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André. Ces onze hommes sont réunis dans un tableau plus classiques, peints hommes. Et ce que j'ai trouvé extraordinaire, c'est qu'à la fin, je le voyais, ce tableau. Je le voyais vraiment même s'il n'est que peu décrit, en fait. Je le voyais et je voyais ces hommes qui sont pour moi des personnages, en lutte constante de pouvoir, probablement déchirés entre leurs idéaux et les impératifs de cette époque où rien n'est sûr, où tout peut changer du jour au lendemain.
Et même si tout ça n'est que fiction, le tout s'entremêle habilement, de façon à ce qu'à la fin, je me suis prise à avoir du mal à distinguer ce qui était réel et ce qui était fiction, encore plus qu'au début. La fameuse nuit, elle nous semble bien réelle, quand même!
Le portrait d'une poignée d'hommes mais aussi un portrait fictionnel de toute une époque, une époque que je connais peu et que j'ai eu le goût de comprendre davantage. J'en ai certainement manqué, et j'ai dû sortir de ma lecture tellement souvent pour voir ce qui était quoi (un Limousin, un plumet, un casaquin... défense de rire) et qui avait réellement existé dans tout ça que veut, veut pas, j'ai eu du mal à y entrer complètement. Je crois réellement qu'il me manquait les bases pour réellement profiter de cette expérience de lecture.