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Soleil en tête - Julie Gravel-Richard

7 Septembre 2013 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature québécoise

soleil-en-tete.jpgTiens, des carnets.

 

Là, j'entends penser ceux qui  me suivent un peu et qui savent à quel point j'ai du mal avec plusieurs témoignages et à quel point je crains les "je fais donc pitié mais je suis fort et admirable".  Du coup, je n'en lis pratiquement jamais.  Mais pourtant, ceux-ci, il était écrit dans le ciel que je les lirais.  Même si ça parle de maladie.  Parce que, j'oubliais, en plus d'avoir limite peur des témoignages, j'ai vraiment peur de la maladie.  Au point où, parfois, je ne me trouve plus du tout drôle.  Et mon entourage non plus d'ailleurs... mais c'est une autre histoire alors passons....

 

J'ai donc lu ces carnets, qui sont en fait une partie du contenu du blog "Soleil en tête", tenu par Julie Gravel-Richard pendant les mois de sa vie où elle devait composer quotidiennement avec les coups et contrecoups d'une tumeur au cerveau.   Et avec cette demoiselle, je savais qu'il était impossible que ça tombe dans le misérabilisme.  Et en plus, sa sensibilité me rejoint particulièrement, de même que sa plume, que j'avais déjà croisée dans Enthéos.  Et en effet, la rencontre a été réussie, autant qu'elle pouvait l'être avec moi, étant donné le thème.

 

Julie nous raconte donc au jour le jour - ou presque - son quotidien dans des traitement de chimio.  Là, on s'imagine trois cents pages de déprime.  Loin de là.  Même si elle garde une grande lucidité face à la maladie, aux possibilités, on sent l'espoir, la discipline, la joie de vivre poindre sous chaque mot, même les plus lourds.  Et paradoxalement, on sent aussi la fragilité, la peur qui sommeille, même quand elle se pare d'habits de courage.  Même avec ces mots quotidien, ces thèmes parfois prosaïques, les mots de Julie Gravel-Richard sont fluides, atteignent leur but et souvent nos coeurs.  C'est que ça bouillonne derrière ces lignes.  Colère, dépit, rage, joie, tristesse... c'est à travers son parcours au quotidien entre deux salles d'attentes ou campée près du téléphone à attendre des nouvelles que nous la rencontrons, toujours face à cette maladie qu'elle tente de comprendre et de démystifier.  Sans jamais oublier ces petits bonheurs qui font que la vie continue.   On sent qu'on a affaire à une personne, pas juste à une "malade".  

 

Et soudain, on regarde les dates et on réalise.  C'est long.  Les attentes sont folles.  Les situations sont parfois incroyables (on pense au travail, entre autres).  Et moi qui suis de l'autre côté de la médaille plus souvent qu'autrement et pour qui le temps court, ça remet les choses en place, en perspective.  Et même si je ne suis pas dans un domaine où je joue avec la vie et la mort.  C'est long une fin de semaine quand on attend.  

 

J'ai beaucoup aimé les recherches, les manières de garder le cap, de se raccrocher, les réflexions sur son vécu.  Mais surtout, j'ai aimé la façon dont elle dépeint les gens dans ses carnets.  Car il transparaît partout un grand respect pour tous ces gens qui sont sur son chemin pour une raison ou pour une autre.  On s'y attache, à ces gens. Et ça donne espoir.  Et la preuve que même s'il faut énormément de volonté, ça se vit par le monde, ces épreuves-là.  Et c'est possible d'en sortir grandi.  Même si après le repos, la vie reprend son cours... aussi folle sinon plus qu'avant!

 

Bien entendu, l'orthophoniste en neuro en moi a sourcillé à certains détails technico-techniques (dysphasie versus aphasie, par exemple, qui ne sont pas utilisés selon l'étymologie dans le domaine médical, ou encore les fonctions exactes et précises des différentes aires "de langage") et au fonctionnement des services ailleurs que chez nous.  Mais je ne pense pas que ça sautera aux yeux de qui que ce soit.  C'est souvent simplifié mais toutes les sources sont citées quand c'est plus technique.  Sans pour autant être rebutant.    J'aurais peut-être aimé voir davantage de Julie hors-maladie (dans ce cas, on a choisi de cibler les écrits qui allaient dans ce sens pour la publication, mais je crois me souvenir qu'il y avait d'autres types de billets), de sa famille, de la vie loin de la tumeur, même si on sait qu'elle n'est jamais loin.   J'ai parfois eu l'impression qu'on ne pouvait pas réellement apprécier les passions de cette dame et qu'on se la représenterait mieux comme femme, malade ou non.

 

Bref, des carnets au style maîtrisé et agréables,  pas déprimants du tout malgré le sujet.  Des carnets intimes soit, mais dont on apprécie la pudeur. 

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