Second Fiddle (La mansarde de Mrs K) - Mary Wesley
Présentation de l'éditeur (celle de Flammarion)
"Laura Thornby, la quarantaine épanouie, fait au cours d'un concert la connaissance de Claud Bannister, un jeune écrivain tourmenté. Pour cette croqueuse d'hommes il n'est au départ qu'un beau caprice de plus, un de ceux qui lui fera oublier momentanément sa profonde solitude. A cet instant Laura est loin de se douter que son destin pourrait être à jamais lié à celui de Claud. Loin d'imaginer qu'elle pourrait tomber amoureuse et, pire, avoir pour rivale une héroïne surgie des pages d'un roman. Mary Wesley signe ici une tragi-comédie acerbe sur le pouvoir dévastateur de l'imaginaire. Une nouvelle dragée au poivre servie par une écriture aérienne."
Commentaire
Mary Wesley, cette dame un peu irrévérencieuse qui a commencé à écrire à l'âge de 70 ans, est une auteure qui me plaît beaucoup. Si ce roman n'est pas mon préféré de l'auteure (qui reste à date "La pelouse de camomille"), j'ai quand même retrouvé l'humour particulier de l'auteure ainsi que plusieurs de ses thèmes de prédilection : illégitimité, attachement et famille.
Dans ce roman, nous rencontrons Laura, 45 ans. Elle a vécu une enfance un peu bizarre en compagnie de sa mère, Emily, qui est tout un numéro, ainsi que du frère jumeau de celle-ci, Nicholas, qui est encore plus fou, si possible. Elle a toujours refusé de s'attacher à qui que ce soit, se sent envahie dès que quelqu'un entre chez elle et a un terrible besoin de contrôler sa vie. Laura est, bien entendu, très, très seule. Puis, par hasard, elle rencontre Claud, aspirant auteur de 23 ans, et elle décide de prendre sa vie - à lui, of course - en main.
Ce que j'aime, chez Wesley, c'est qu'elle considère ses lecteurs comme des gens intelligents. Elle ne ressent pas le besoin d'expliquer en long et en large les sentiments profonds des personnages, elle laisse des zones grises, elle permet au lecteur de déduire la réalité à partir de ce qu'il voit et des bribes qu'elle nous laisse entrevoir. Ses personnages sont souvent cabossés, ils évoluent mais pas de façon miraculeuse. Le problème, avec ce roman-ci, c'est que j'ai mis un petit moment à m'y attacher à ces personnages. Si j'ai beaucoup aimé la fin, j'ai eu quand même un peu de mal au départ. Ce n'est pas l'histoire la plus palpitante qui soit, elle est racontée avec un certain détachement (normal, vu les personnages) et son côté tragique met un moment à apparaître.
L'écriture me plaît toujours autant, j'aime le côté pas vraiment "politically correct" et les côtés fous des personnages, qu'ils soient aimables ou non. Ça les rend très réels, très humains, avec tout ce que ça implique de failles et d'exultations. Laura est touchante dans son attitude de femme croqueuse d'hommes et bien au dessus de tout ça. La mère de Claud, Margaret, est également très humaine et elle se questionne sur sa relation (ou non-relation) avec son fils et sur ses sentiments maternels. Bref, des personnages attachants, une finale que j'ai aimée mais pas non plus de lecture frénétique ou de coup de coeur. Je crois que je préfère les romans de Wesley qui sont d'époque, où le côté décalé et moderne des personnages est plus évident.
Et j'ai été plus que ravie de l'apparition momentannée de Calypso (personnage de "La pelouse de camomille"), devenue grande-tante assez colorée et très fidèle à elle-même. Il y a également une allusion à un autre roman de l'auteur... je pense qu'à partir de maintenant, je vais tenter de les lire en ordre pour ne rien manquer!