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Our mutual friend (L'ami commun) - Charles Dickens

4 Février 2010 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature Europe (anglais)

our mutual friendPrésentation de l'éditeurcoup-de-coeur.gif
Je ne place pas de présentation de l'éditeur... J'en ai trouvé trois et les trois révèlent pas mal trop de choses... va falloir vous taper mon billet!!!

Commentaire
Dickens et moi, c'est une graaaande histoire d'amour.  Je sais, j'en ai plusieurs.  Mais c'est comme ça, je suis volage... mais fidèle en même temps!  Comment, ça, c'est paradoxal?!?!

Comme je suis absolument nulle pour parler des romans de Dickens, que j'aime pourtant d'un amour intense et sans cesse renouvellé, je vais plutôt tenter de vous expliquer comment je ne sens quand je plonge dans l'un de ceux-ci.

Dès que je soulève la couverture, c'est magique.  Vous savez, comme dans ces films où une lumière s'échappe soudain des pages du livre?  Je parcours un peu les mots et, tout doucement, un murmure animé.   Le bruit de fond, souvent Londres, avec ses rues bruyantes où on marchande, où on survit malgré la pauvreté et les conditions de misères, mais aussi ses façades d'où je perçois l'éclat de certaines conversations de salon, sur un ton tout différent, qui me laisse déjà présager la drôlerie si particulière des personnages de Dickens.   Mais c'est parfois aussi les bruits des villages ou des grandes demeures, avec les chevaux dans les rues et les pas qui résonnent dans les couloirs vides. 

Et, lorsque mes yeux se font peu à peu à cette clarté qui se dégage depuis le début, j'entrevois soudain des silhouettes qui s'agitent, qui gesticulent, qui aiment avec passion, qui trompent, qui mendient, qui tentent de réussir, qui cherchent de l'argent, qui se baladent ou qui font tout simplement se montrer dans toute leur grandeur ou leur drôlerie.  Parfois à l'ombre d'une instutution, que ce soit la Court of Chancery  ou un orphelinat, parfois seulement à l'ombre d'eux mêmes et de leurs travers.   Je les vois d'abord de haut, dans une large perspective et soudain, je me rapproche, entraînée par les mots de Dickens dans leur bureau, dans leur mansarde ou dans leur drawing room.  Ouvrir un Dickens, c'est découvrir un monde.  Un monde qui pour moi devient vivant, réel.  Et je les aime, ces personnages!  C'est naturel, à vivre avec eux si longtemps, à découvrir ces scènes en apparence banales mais qui, transcendées par la plume de Dickens, deviennent irrésistibles de drôlerie, de tristesse ou qui nous donnent tout simplement envie de sourire... et parfois de les taper!!  Je les aime malgré leurs défauts, malgré leurs côté caricatural, ironique,  et leurs manies... pour ça, plutôt!!!  Et comme je les aime, je suis toujours ravie de pouvoir observer, cachée dans un coin de la pièce, leurs conversations quotidiennes et les anecdotes qui font d'eux ce qu'ils sont. 

Et c'est dans cet univers foisonnant que j'ai passé les dernières semaines, à vivre dans ce Londres un peu parallèle du milieu du 19e siècle et à visiter demeures et pensées de la petite communauté Dickensienne.  J'ai ri aux éclats, j'ai souri, j'ai froncé les sourcils et j'ai même pleuré.  J'ai refermé la dernière page hier soir, émerveillée, le sourire au lèvres, mais un peu en deuil aussi.  Et j'ai dû attendre que les voix se taisent, que le bruit de la rivière et des sabots des chevaux s'estompent, que la lumière cesse de m'éblouir et que Bella, Eugène Wrayburn, Mr. Boffin, Mr. Rokesmith, Silas Wegg, Lizzie, Jenny Wren, Bradley Headstone et les autres cessent de me faire des clins d'oeil, de me surprendre et de m'apparaître brusquement dans les endroits les plus surprenants pour enfin pouvoir passer à autre chose.   Et bon, je n'en suis pas encore tout à fait sortie... et je sens que ce sera le cas pour quelques semaines!

"Our mutual friend", maintenant!!!  Ce roman est le dernier roman complet de Dickens qui ait été achevé.   Le roman s'ouvre sur la découverte du corps de John Harmon par Lizzie Hexam et son père, dont le métier est de récupérer des corps dans la Tamise (je ne sais pas si un tel métier existait pour vrai... mais si c'est le cas, qu'est-ce que ça devait être déprimant!).  John Harmon était l'héritier de John Harmon Senior, à une seule condition, qu'il épouse la jeune Miss Bella Wilfer, qu'il ne connaissait pas du tout mais qui avait accroché l'aieul alors qu'il l'avait aperçue dans un parc alors qu'elle démontrait ouvertement sa "force de caractère".   Si le jeune John Harmon n'épousait pas la dite Miss Bella, l'héritage irait à un serviteur de la maison.   Miss Bella vit au sein d'une famille de peu de moyens, composée d'un père qui la vénère, d'une mère coincée et qui se pense la pauvre victime de l'univers entier (j'aurais dit qu'elle a un balai coincé quelque part mais je n'oserais jamais... j'ai de la classe, quand même!) et d'une petite soeur qui en a long à dire.  Elle a un caractère bien trempé, déteste la pauvreté de sa famille et n'aspire qu'à vivre une vie plus luxueuse.  Inutile de dire qu'elle est loin d'être ravie de la mort de son jeune promis car en plus de perdre une fortune, elle considère qu'elle est la risée du quartier!

C'est donc une histoire d'héritage, mais pas que ça!  Autour de l'histoire de Bella, recueillie par le couple de généreux serviteurs ayant hérité de la fortune qui veulent faire profiter ceux qu'ils croient lésés de leur chance, changera donc de monde et de vie pour entrer dans la bonne Société.  Avec une majuscule.  C'est aussi chez eux qu'elle rencontrera Mr Rokesmith, leur secrétaire.  Et dans cette Société, représentée par les Veneering, Podsnap, Tippins et compagnie (j'ai adoré le mot Podsnappery, désignant la "grandeur" de certaines personnes!), nous ferons la connaissance de divers personnage, dont deux gentlemen vivant au Temple, Mr. Mortimer Lightwood, avocat (ou du moins, il essaie de l'être... ou un truc dans le genre) et Mr. Eugene Wrayburn, gentleman.  Ce dernier, modèle d'insouciance et de légèreté, prend tout avec un grain de sel et mène une vie largement au-dessus de ses moyens, sans s'attacher à quoi que ce soit. 

Mais ce n'est pas que ça, non plus!  C'est aussi tout un monde de vilains et de profiteurs, qui seraient prêts à tout pour parvenir à leurs fins (il y en a toujours chez Dickens) et qui se croient justifiés de le faire.  Tous ses personnages sont truculents et fantasques, même les méchants.  Chacun d'entre deux m'a arraché plusieurs sourires!  Parce que l'humour de Dickens est présent partout, même dans les moments qui pourraient être pathétiques!   Sa vision ironique des choses, sa façon de mettre en évidence les fautes et les petites manies... c'est hilarant!  Je passe mon temps à rire toute seule quand je lis Dickens!  Mais les adieux de Bella à Mrs Boffin, ainsi qu'une certaine scène dans une rivière m'ont fait verser des larmes, qui m'ont surprise, venues d'on ne sait où. 

Bella Wilfer est devenue mon héroïne Dickensienne préférée (bon, nous sommes d'accord, ce n'est pas précisément pour ses héroïnes qu'on lit Dickens), de par son évolution et par son caractère qui s'affirmera.  Bella est un personnage qui a plus d'une facette, que nous apprenons à aimer au cours de l'histoire.  Elle n'est pas bonne, parfaite et gentille dès le départ!   J'avais depuis le tout début un faible pour Mr. Wrayburn, qui me faisait trop rire avec sa manière d'être nonchalante et sa façon de repousser bien au fond de son cerveau tout ce qui pouvait lui sembler désagréable.    Et j'ai adoré le personnage de la couturière pour les poupées (the Doll's dressmaker), Jenny Wren, amie de Lizzie, une fillette directe et perspicace qui décide d'imaginer sa vie pour la rendre supportable.    On déteste Silas Wegg et Rogue Riderhood, on désespère pour Mr. Boffin, on a envie de secouer Mrs. Wilfer.  Je pense que j'y suis encore!!!

Après tous ces éloges, est-ce qu'il y a des points que j'ai moins aimés?  Bon, même si Isil a commencé sa découverte de Dickens avec ce roman et qu'elle est depuis une fan finie, je ne suis pas certaine que ce soit le roman idéal.  En effet, pendant quoi... presque 400 pages, il y a de quoi se demander où l'auteur s'en va!  On nous présente les personnages, il y a des événements importants qui se produisent, mais il est difficile pour le lecteur de faire les liens.  J'admets que bon, si on est pas vendu d'avance et que l'on ne savoure pas chaque petite scène avec délectation comme je le fais, ça peeeeeeeuuuut être un peu long avant d'accrocher.  Ça n'a pas été mon cas mais bon, ça peut.  J'ai aussi senti que Dickens voulait se racheter par rapport aux juifs (probablement en raison du personnage de Fagin, dans Oliver Twist) à travers le personnage de Mr. Riah.  Sans certains discours, ça passerait plutôt bien car c'est un personnage bien sympathique et sa relation avec Jenny et Lizzie est très chaleureuse.  Sauf que la façon de tourner le tout, de généraliser par rapport aux juifs en général, c'est un peu gros, disons!

Je vais maintenant me plonger dans l'adaptation télé, que j'ai troooop hâte de regarder!!!  Je viens de quitter tout ce petit monde et j'ai vraiment hâte de les retrouver tous.  J'espère qu'elle est à la hauteur!

Un coup de coeur donc.  Étonnant, avec Dickens, n'est-ce pas!! ;))  Un gros merci à Fashion pour m'avoir offert ce roman pour le Doctor Swap!!  Je sens que mon histoire d'amour n'est pas finie et j'espère vous convaincre tous, tiens!!  Ca me fait tellement plaisir quand quelqu'un aime un roman de Dickens!!!

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