On ne badine pas avec l'amour - Alfred de Musset
Présentation de l'éditeur (en partie)
"Perdican revient au village de son enfance où il doit épouser sa cousine Camille, mais la jeune fille est prévenue contre l'amour, par avance convaincue de la désillusion qu'elle encourt. Par dépit, Perdican séduit alors Rosette dans un décor de fraîcheur bucolique, c'est une fin tragique qui s'annonce. [...]
Commentaire
J'ai choisi de relire Musset parce que j'avais adoré "Emmeline", lu il y a plusieurs années. Il faut savoir qu'habitant mon pays de neige, et ayant eu une culture littéraire disons... différente à l'école, je ne connaissais même pas l'existence de ce monsieur avant le début de ma trentaine. Oui, shame on me, fouettez-moi.
Est-ce que j'aurais autant aimé étant plus jeune, je ne sais pas. Mais là, on peut dire que j'ai vraiment adoré. L'histoire est limite banale. Perdican revient chez lui et son père veut lui faire épouser Camille, sa cousine. Sauf que Camille a passé sa vie dans un couvent et a été élevée à coup de "l'amour, c'est dangereux, les hommes sont des salauds, il faut se marier avec le petit Jésus" (oui, j'exagère. Mais bon, depuis quand est-ce que je n'exagère pas, n'est-ce pas!) Elle n'est forcément pas vraiment d'accord... sauf que quand même... elle ne semble pas être si certaine de son truc que ça. Du moins, elle tente très fort de se convaincre.
Ce que j'aime dans les classiques, c'est que les auteurs ne ressentent pas toujours le besoin de tout dire, de tout expliquer. Et c'est le cas dans cette pièce (ah oui, c'est du théâtre... j'avais oublié de le préciser). C'est bourré de mauvaise foi (j'adore la mauvaise foi) et plusieurs des tirades mémorables sont en fait remplies de cette mauvaise foi, de cette volonté de se protéger, d'avoir l'air de... ou plutôt de ne pas avoir l'air de... Les personnages ne sont pas parfaits, mais ils sont profondément humains et on le voit tout de suite, en très peu de pages. Ils sont en conflit avec ce qu'on leur a appris, ce qu'ils devraient être et ce qu'ils voudraient être. Ça commence de façon très légère, limite drôlatique, pour virer au tragique car, bien entendu, ce sont des innocents qui se retrouvent victimes du profond égoïsme et de l'orgueil des personnages. Bref, j'ai adoré.
J'ai aussi adoré les personnages secondaires, compètement caricaturaux, qui ont vraiment raté leur coup et qui sont dépassés par les événements. Le père, particulièrement, qui est complètement pris au dépourvu par la situation, complètement hors-contrôle, qui essaie de contrôler ce qu'il peut... des conneries, en fait. J'ai aimé les allusions, les répliques complètement à côté (au sujet de dame Pluche, par exemple, à qui on parle toujours de trucs osés alors que c'est un grand bâton sec). Saupoudrez le tout d'un peu d'anticléricalisme... et vous avec une bonne idée de l'ambiance.
Une pièce que j'adorerais voir jouer... et qui doit représenter un charmant défi pour plusieurs acteurs. Parce que bon, ce que les personnages disent et ce qu'ils pensent... c'est souvent deux choses. Et le pire, c'est que les premières personnes qu'ils trompent sont eux-mêmes parce que comme souvent, ils ne réalisent même pas qu'ils se mentent.
Bref, je relirai Musset! Vous me conseillez quoi?