Metal Mélodie - Maryvonne Rippert
Présentation de l'éditeur
"Quatre mois ! La mère de Luce est partie pour quatre longs mois à l'autre bout de la planète.
Bon débarras ! Sur fond de teufs metal, Luce entend bien profiter de sa nouvelle liberté. ais, passé le moment d'euphorie, des questions se posent : pourquoi ce départ précipité ? Où est sa mère exactement ? Et pourquoi est-ce qu'elle n'appelle pas ?"
Commentaire
On m'avait dit que c'était très bien, certes. Mais je ne m'attendais certainement pas à ça. Et je n'ose même pas m'imaginer ce que j'aurais pu ressentir si j'avais été maman.
Le roman démarre d'un coup. Luce a 16 ans et la communication avec sa mère est rompue, carrément. Pour s'émanciper, elle est devenue gothique et la relation entre la maman et la fille, qui a toujours été douce et chaleureuse, est devenue glaciale, tendue, invivable. La tension, on la sent dans l'atmosphère mais aussi dans le style d'écriture de Maryvonne Rippert, qui est très sèche, à l'image de Luce. Parce qu'il faut se l'avouer, elle pique, la miss ado. Un jour, quand elle revient à la maison, tout est calme. Sa mère, sa Mom tellement envahissante, est partie, disparue. Juste un petit mot l'informe qu'elle est en Australie pour le travail et qu'elle reviendra dans 4 mois.
Tout de suite, on se questionne. Quelle mère aurait pu laisser sa fille de 16 ans en pleine crise toute seule pendant 4 mois? Je n'expliquerai rien ici mais disons que tout n'est pas aussi simple. Après un party, elle se retrouve avec une squatteuse SDF, Moony, qu'elle ne reéussit pas à expulser et alors que l'euphorie retombe, notre jeune rebelle se demande vraiment ce qui se passe et elle décide de partir sur les traces de sa mère qui l'a abandonnée à elle-même.
Quel beau roman sur les relations mère-fille que celui-ci. La situation extrême mène à un questionnement accéléré et qui m'a énormément touchée. Luce part à la recherche de sa mère, sa mère physique, celle à qui elle en veut d'être partie, mais elle trouve aussi ce qui se cache sous les tailleurs stricts et la journaliste sérieuse. Elle rencontre sa mère jeune, celle qu'elle a déjà été. C'est toujours un choc quand on réalise pleinement que notre mère a déjà eu notre âge, a déjà vécu ces sentiments fous, et ce choc, je l'ai ressenti avec Luce.
Le ton du roman évolue avec l'histoire, qui nous amène à Grenade, en Espagne et où Luce se retrouvera face à elle-même, dépourvue de tous ses repères. Et c'est dans cette chaleur espagnole, au milieux des gitans andalous et des rythmes flamenco, qu'elle fera un bout de chemin. Le style évolue avec Luce et s'adapte à l'atmosphère qui l'entoure. J'ai vraiment trouvé ces variations très réussies.
Une histoire de passage à l'âge adulte, une belle histoire d'amour aussi, et des relations humaines pas toujours idéales, avec ce que ça implique de frustrations et de trahisons. L'histoire d'Inès, la mère de Luce, m'a beaucoup touchée et les gens qu'elle a rencontrés dans son parcours l'évoquent très bien. On s'attache à cette femme, qui est toujours présente sans l'être et qui fait somme toute un très beau cadeau à sa fille.
Et vous pouvez vous imaginer qu'un roman sur fond de musiques (le pluriel est volontaire) et de flamenco, ça ne pouvait que me plaire. Une très belle surprise, donc, et une auteure que je suivrai certainement. Un de mes deux achats du salon du livre de Montréal, que je ne regrette aucunement, donc!
Le seul problème: ce livre donne une envie folle de prendre un billet d'avion pour l'Andalousie, là, tout de suite. Et voilà que je veux retourner en Espagne, je veux danser le flamenco (à jeun, cette fois), boire de la sangria, manger des Tapas et vivre au rythme de ce pays. Pourquoi ne suis-je donc pas dotée de vacances perpétuelles, moi?