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Les Plouffe - Roger Lemelin

16 Septembre 2012 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature québécoise

les-plouffe.jpgPrésentation de l'éditeur

"Voici une famille bien ordinaire. Pourtant, elle sera bouleversée par plusieurs événements. La mère, gardienne des valeurs traditionnelles, constate que ses enfants désirent quitter le nid qu'elle couve... Que de drames, que de frustrations, que d'action, que d'amour, que de chaleur humaine, que de rires chez ces Plouffe, où chaque lecteur pourrait croire se retrouver dans sa propre famille!"

 

Commentaire

Les Plouffe, je croyais que c'était quétaine.  J'avais déjà vu le film "Le crime d'Ovide Plouffe" à la télé payante quand j'avais quoi... 8 ans.  Et il faut dire que ça fait partie de la culture de la génération de mes parents vu que dans les années 50, La famille Plouffe a été un téléroman super populaire.  Je savais en gros qui était Ovide Plouffe, j'associais Cécile à Denise Filiatreault et maman Plouffe à Juliette Huot (les acteurs des années 80).  Après avoir fait une Promenade des écrivains sur Roger Lemelin, j'ai eu envie de me plonger dans le roman, pour le côté culture québécoise plus qu'autre chose. 

 

Et là, après quelques pages, je me suis surprise à aimer ça.

À mon grand étonnement. 

 

Ce roman se passe à Québec, plus précisément dans le quartier St-Sauveur, à la fin des années 30 et au début des années 40.  Les Plouffe, ce sont des ouvriers de la Basse-Ville.  Théophile, le père, est typographe mais dans son coeur, il est encore le champion de vélo qu'il était avant.  Farouche anti-anglais nationaliste, pas question pour lui de faire des courbettes au roi George VI!  Napoléon, début trentaine, du haut de ses 5 pieds 2 collectionne les images de grands sportifs.  Ovide a quoi... une 7ème année mais rêve de culture, d'Europe et d'opéra.  Grand incompris parmi les siens, il peine à trouver sa place dans ce petit monde où monter la côte vers la haute ville est limite un acte symbolique. ll m'a beaucoup touchée, malgré son côté fendant, à s'entêter à choisir la pire femme pour lui.  Guillaume est un sportif, champion de base-ball.  Cécile a le début de la quarantaine.  Vieille fille, elle veille tous les soirs sur la galerie avec son ex-amoureux, maintenant marié et père de famille.  Quant à la mère Plouffe, elle dirige la cuisine. 

 

Ils sont un peu fous, un peu timbrés, mais je les ai beaucoup aimés, ces Plouffe.  Ils ne l'ont pas facile, rien n'est simple dans ce monde où le clergé fait la loi et où les boss et les syndicats sont de mèche (voir si le Syndicat catholique va attaquer l'Alliance chrétienne... voyons donc!) mais ce n'est pas misérabiliste pour autant.  C'est ma foi plutôt drôle, malgré les petits et grands drames, à cause de la façon dont ceux-ci nous sont présentés, par les yeux parfois naïfs et d'autres fois trop perspicaces de ces personnages hauts en couleurs. 

 

Roger Lemelin fait ainsi vivre un quartier (ou devrais-je dire une paroisse), le quartier St-Sauveur, que j'ai pu arpenter avec Marie-Eve Sévigny dans ma promenade.  Les images et les lieux n'en étaient que plus réels.  Ce coin, il prend vie sous la plume de l'auteur.  On y est, on remonte le temps.  On vit les grandes processions, les visites paroissiales, tout ça à l'ombre de ce grand escalier qui représente la différence entre les classes chez Lemelin.   Certaines images sont frappantes, certaines métaphores étonnantes mais elles sonnent étrangement justes au milieu d'une scène qui pourrait par ailleurs être loufoque. 

 

Lemelin n'épargne pas le clergé et l'église, l'hypocrisie de tout ce petit monde qui, comme le bon gouvernement de l'époque (une bonne partie du roman se déroule entre les deux mandats de Duplessis), a tout intérêt à garder la population francophone pas vraiment instruite pour mieux la contrôler.   On y voit la conscription, la réaction face aux anglais, les gens remerciés pour leurs opinions politiques.  Tout y passe.  Et malgré tout, les Plouffe nous font sourire. 

 

Impossible pour la femme que je suis de ne pas réagir devant la condition féminine de l'époque ou encore devant les vacheries que les membres de la famille s'envoient entre eux.  Mais j'ai aimé réentendre les mots de mes grands-oncles et mes grandes-tantes à travers ceux de Lemelin... Et même si j'ai trouvé quelques longueurs, notamment dans la partie sur Denis Boucher,  j'ai maintenant envie de lire "Le crime d'Ovide Plouffe", vu que ma mère riait toute seule quand elle l'a lu cette semaine.  Pour une fois, ce n'est pas moi qui avais l'air bizarre. 

 

Finalement, les Plouffe, c'est notre histoire, c'est nous autres.  Et c'est tout sauf quétaine.

 

Mon Québec en septembre

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