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Le souffle de l'Harmattan - Sylvain Trudel

22 Septembre 2013 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature québécoise

Souffle-de-l-Harmattan.jpgEncore un autre roman dont, je le sens, je vais avoir du mal à parler.  J'en avais beaucoup entendu parler déjà mais je ne sais pas si, malgré les chaudes recommandation de plusieurs lecteurs enthousiastes, j'aurais fini par le lire sans cette lecture commune.  Je vais donc essayer d'expliquer un peu mon ressenti face à ce roman profondément dérangeant et bouleversant. 

 

On m'avait vendu "Le souffle de l'Harmattan" comme un roman au sujet d'une profonde amitié.  Oui, cet élément est présent mais je le vois surtout comme l'histoire d'un passage à l'âge adulte raté.  Le passage, pas le roman, au contraire.  En fait, c'est carrément un refus de passage à l'âge adulte, un monde où tout semble vain, vulgaire, dépourvu de sens et de magie. 

 

Pourtant, au départ, je n'étais pas certaine si j'accrocherais autant.  Bien entendu, j'ai tout de suite été charmée par l'écriture, les jeux avec le langage, les inventions linguistiques et les confusions du jeune Hughes, le narrateur.  C'est qu'il y a une vraie exploration, remplie d'images, d'associations au premier abord étrange mais qui sonnent juste et qui nous emmenent ailleurs.   J'ai tout de suite aimé le ton naïf, le regard posé sur l'extérieur, la façon hors-norme de voir les choses. 

 

Tout de suite, je suis entrée dans le monde ce cet enfant trouvé, qui ne sait pas d'où il vient, et d'Habéké, jeune Africain adopté par un couple québécois.  C'est entre eux, la grande amitié, cette compréhension mutuelle, ce monde créé, cette Ytopia Africaine, remplie de grands dangers et où la magie est omniprésente, où les ancêtres sont réels.  À eux deux, ils ont réellement bâti un univers parallele, une bulle à côté de celui où ils vivent, où ils ne se sentent pas chez eux, des petits bâtards d'enfant de chienne.  

 

Alors je me suis dit que c'était bien.  Un regard naïf et enfantin, que ça parlait de la magie de l'enfance, de ces grands projets qui prennent toute la place et auxquels on croit, aussi insensés soient-ils.   Agréable, quoi.  Mais pas non plus original tant que ça (bon, il faut savoir que ça a été écrit en 1986... du coup, pour l'originalité, il faut le voir un peu autrement).  Puis soudain, un malaise qui s'installe.  Rapidement, cette rage, ce rejet, limite cette haine pour les parents adoptifs qu'ils trouvent petits et trop dans l'ère adulte ne fait pas très "enfant".  Et ça dérange.  Puis soudain, la question... "Mais ils ont quel âge au juste?"...

 

Et finalement, j'ai lu le dernier quart du roman en apnée.  Les choses se révèlent petit à petit.  Évoluent petit à petit.  Les questions se soulèvent, les événements nous clouent sur place.  Et on referme le livre vidé. 

 

Je n'en dirai pas plus, pour vous laisser faire le cheminement vous-même.  Mais ce roman a été pour moi une magistrale claque.  J'en suis encore secouée. 

 

À lire donc. 

Et vite, en plus.

 

Québec en septembre 2013 -2

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