Le miroir aux vampires - Fabien Clavel
Présentation de l'éditeur
"Bérénice,
Ça y est, j'ai fait ma dernière rentrée à Augustin-Thierry, en internat cette fois. rien de changé dans ce lycée: Cerise la peste et ses sous-fifres qui font baver les garçons, un beau gosse qui se prend pour Brad Pitt et quelques nouveaux. Parmi eux, il y a Nòra, avec qui je partage ma chambre. Il y a aussi Léo. je ne l'avais pas remarqué au début mais je crois qu'en fait il me plaît bien.
Mais ce n'est pas pour ça que je t'écris... Écoute, Béré, il se passe des choses étranges dans ce bahut... On a incendié le foyer, je crois avoir une idée du responsable, mais je ne peux rien dire. Depuis, la sécurité a été renforcée et le lycée est en en train de devenir une prison. Et moi, j'ai comme des apparitions, des sensations bizarres. Je t'ai parlé de Nòra. Et bien, je ne sais pas pourquoi, mais quelque m'attire chez elle. Je ne me sens vraiment bien que lorsqu'elle est près de moi. Et ce n'est pas tout: il y a ce miroir dans notre chambre d'internat. Parfois, j'ai l'impression qu'il y a une connexion entre lui et moi.
Tu crois que je suis vraiment dingue?"
Commentaire
J'ai choisi ce livre particulier à ce moment particulier parce que la couverture me plaisait (il faut que je change un miroir dans la maison... peut-être que ça a un lien inconscient...) et que j'aimais la façon dont il s'ouvrait. Bon, je sais, cette réflexion et au degré zéro et quart de l'intérêt... mais c'est quand même la réalité. Et en plus, j'avais bien envie d'un roman jeunesse. Parce que c'est bien de ça dont il s'agit, sans doute aucun, même si la trame principale n'est pas une sirupeuse histoire d'amour.
Ce roman nous est présenté sous la forme d'une longue lettre. Léa, 17 ans, est en terminale et en internat au lycée Augustin-Thierry. Bonne élève, indépendante, tenant à ses convictions, elle ne fait pas l'unanimité dans ce monde un peu snob. Comme tenir un journal, c'est pour elle un peu ringard, elle écrit à sa soeur Bérénice, maintenant en région parisienne, sans trop savoir si la dite soeur le lira un jour. Si au départ son plus gros problème est Cerise, la petite fille gâtée à papa very détestable (en passant... Cerise? Sérieux? C'est courant en France? Parce qu'ici, une fille qui s'appelle Cerise, elle n'a pas fini hein... disons qu'il y a une bizarre de connotation) mais elle réalise rapidement qu'il se passe quelque chose d'étrange dans cette école, qui se transforme petit à petit en prison. Que sont ces marques que les gens ont dans le cou? Et ce miroir dans sa chambre, pourquoi se sent-elle étrange quand elle passe trop près?
J'ai un avis un demi-teinte sur ce roman. Autant il se lit tout seul (je l'ai terminé d'une traite, en une soirée), autant j'ai quand même du mal avec certains aspects. Après un départ un peu cahotique, qui a nécessité le renfort de plusieurs traductrices (merci les filles qui m'ont répondu sur la page FB du blog! Je ne suis visiblement pas le public cible) pour m'assurer de la signification de certaines expressions "jeunes" qui ne sont pas celles de chez moi, je suis rapidement plongée dans cette histoire et dans cette école de plus en plus glauque. J'ai apprécié l'aspect "école qui devient une prison", où les droits des élèves sont pratiquement nuls et où tout est très surveillé et j'ai aimé voir Léa naviguer dans tout ça. Dans la première moitié du roman, j'ai réellement voulu savoir où le tout s'en allait et j'ai été accrochée aux pages.
Et là, soudainement, quand j'ai commencé à mieux voir... j'ai soudainement cessé d'y croire. Si j'ai bien saisi l'idée qu'ont les "méchants" derrière la tête, j'ai trouvé que ça sortait un peu de nulle part et que du coup, si l'idée d'exploiter les faiblesses des humains est intéressante, on se demande un peu "pourquoi" tout ça. Certaines des révélations finales m'ont semblé un peu exagérées et la résolution expédiée trop rapidement. J'ai tourné la dernière page en me disant "C'est tout, c'est fini? Pas plus persévérants que ça? Aussi facile que ça?" Donc, si la montée du suspense m'est apparue bien réussie, avec l'arrivée des restrictions, de la répression de tout ce qui n'est pas dans le moule, j'aurais aimé que cette réflexion soit poussée plus loin... mais oups, on s'en va ailleurs.
Toutefois, la mythologie vampire présentée ici est différente, pas calquée sur ce que j'ai pu voir ailleurs. Il y aurait beaucoup à faire avec ça, notamment sur le passé, qui est effleuré ici. J'ai aussi beaucoup ri avec le blog de Cerise (Cherry92), qui révèle au monde entier ses grands états d'âme, toujours dans l'extrême, en faisant un nombre impressionnant de fautes, en prenant bien soin d'écorcher les autres au passage. Personnage stéréotypé, soit, mais elle m'a bien fait rire. Les lettres d'un vampire infiltré - dont l'identité n'est pas révélée tout de suite, mais qu'on devine aisément - à son maître sont également intercalées, ce qui nous permet de comprendre un peu d'où part toute cette histoire. Ces parties sont pleines de remarques bien senties - et généralisées - sur la race humaine en général... j'en aurais bien pris un peu plus, tiens.
Un roman très jeunesse donc, où il y avait beaucoup de bonnes idées qui n'ont pas été selon moi exploitées à fond. Si ma nationalité - et sans doute mon grand âge - m'ont empêchée de me sentir totalement en phase avec Léa et sa façon de s'exprimer - qui, par ailleurs, colle bien au ton que l'auteur a voulu donner à son récit - j'ai quand même lu ce livre très rapidement, sans m'ennuyer. Pour moi, qui n'est ni ado, ni Française, ça a été un moment de détente, sans plus... mais un moment de détente où les pages se sont tournées toutes seules!