Le coeur est un muscle involontaire - Monique Proulx
Présentation de l'éditeur
"Florence n’aime pas les écrivains, ces êtres névrosés, et encore moins leurs livres, ces choses corpulentes qui ne sont même pas vraies. Florence n’aime pas non plus les chiens, l’alcool, les vieux, le plaisir, l’amour. Elle n’aime que Zéno, mais elle ne l’avouerait jamais, même sous la torture. Zéno est son partenaire dans la petite entreprise de conception de sites Web, Mahone inc., qui s’ingénie à donner vie et éclat à des artistes et à des écrivains en mal de notoriété.
Zéno, par contre, adore les écrivains, et en particulier Pierre Laliberté, ce romancier mythique dont personne n’a jamais aperçu le visage, qui vit comme un reclus, alors que les honneurs se ternissent et s’érodent à l’attendre. Et c’est à cause de Zéno que Florence découvre un jour que Pierre Laliberté lui a volé la phrase la plus précieuse qu’on lui ait jamais dite. La voilà donc sur une piste pouvant la conduire à ce fameux Pierre Laliberté, cet imposteur qui pille la vie des autres pour construire ses livres.
Dans ce roman mené à la manière d’un polar, Monique Proulx rend un superbe hommage à la littérature et à ceux qui la font."
Commentaire
C'est moi où il y a du Réjean Ducharme en dessous de ce Pierre Laliberté? Ok, j'avoue, les citations m'ont un peu aidée à parvenir à cette conclusion mais même sans elles, j'aurais quand même soupçonné... ce n'est pas si courant, les auteurs qui vivent un peu à l'écart du monde.
Quand j'ai ouvert ce roman, je n'étais pas du tout certaine d'aimer. J'ai tout de suite trouvé la plume belle mais j'ai mis un moment à m'adapter aux personnages principaux, Florence et Zéno. Il est le patron de Mahone inc., elle est son employée. Ils sont anciens amants, il l'a souvent déçue, ce grand séducteur de 5 pieds 2 pouces. Elle n'aime pas les écrivains, ni lire d'ailleurs. C'est pour elle une perte de temps. Lui, est un fanatique de Pierre Laliberté, écrivain limite mythique, dont personne ne connaît l'identité réelle. Un jour, une phrase va les mettre sur une piste. Et nous voilà partis.
Ces personnages, ils sont avant tout profondément humains. Tout pleins de failles, tout plein de mauvaise foi. Ils se mentent à eux-mêmes à longueur de journée, arrivent presque à se croire, en fait. Il font un pas en avant, deux pas en arrière. C'est un éternel recommencement. Si je n'ai pas toujours compris pourquoi Florence était si attachée à Zeno, je l'ai bien aimée, elle (après un moment, hein), avec ses bougonnages, ses grandes résolutions qui durent un gros 5 minutes, sa volonté d'être "celle qui", ses semi-mensonges et ses grandes révélations. J'ai aussi aimé les personnages secondaires et leurs excentricités. Le genre de personnages qui sont là pour une raison, toujours. J'aurais juste aimé les voir un peu plus.
Toutefois, j'ai trouvé quelques longueurs (comme je le disais, avance, recule, recommence... parfois, c'est un peu lourd), surtout au milieu du roman, qui traîne un peu. On se demande où ça s'en va et on espère que ce ne soit pas juste un gros bateau. Mais au final, je retiendrai certains passages magnifiques, qui nous font prendre conscience de notre toute petite place sur cette toute petite planète (moi aussi je me sens exactement comme ça quand je regarde les étoiles dans la nature... Et la lecture de ce passage m'a transportée, sans étoiles et sans bruits de grenouilles), une belle plume et un grand cri d'amour à la littérature et aux mots en général.
J'ai "Champagne" du même auteur dans ma pile. Parfois, mes achats compulsifs ont du bon!