Le bonheur conjugal - Léon Tolstoï
Présentation de l'éditeur
Ben yen a pas, en fait. Cette nouvelle fait partie du même recueil que "La sonate à Kreutzer" et on ne nous donne qu'un extrait de cette dernière nouvelle sur la quatrième de couverture.
Commentaire
Voici un récit que j'ai vraiment beaucoup aimé, malgré sa tristesse et la désillusion qui s'en dégage. C'est, je le crois, ma nouvelle préférée du recueil. Il s'agit d'un des récits plus anciens de l'auteur, écrit en 1859, mais où l'on sent poindre cette vision du mariage qui est celle de Tolstoï.
La narratrice, Macha, a 17 ans au début du récit. Orpheline, elle rencontrera l'amour sous les traits de Serge Mikhaïlovich, ami de son père de 20 ans son aîné. Dans cette nouvelle, nous suivrons Macha et son mari dans leur mariage où les sentiments évolueront de l'amour passionné à une affection amicale un peu triste.
J'ai été particulièrement touchée par cette nouvelle. La description des sentiments de la jeune fille qui s'épanouit en souhaitant impressionner un homme qu'elle admire par la beauté de son âme est très juste. On sent l'exaltation d'une jeune âme, son côté excessif et exalté que ce soit pour la religion, pour l'altruisme ou pour l'amour. On y croit aussi quand elle vit l'amour, qu'elle s'émerveille d'être bien avec l'autre et de vivre pour son mari. Je n'ai pu m'empêcher de sourire au souvenir de ces premières amours où l'on s'émerveille que c'est possible d'éprouver ça aussi intensément. Et puis la vie les rattrape.
La seconde partie m'a rendue mélancolique et un peu triste. Triste parce qu'à qui ça n'est pas arrivé, de sentir l'amour se transformer, de le voir devenir autre chose, cette relation douce-amère pleine de souvenirs d'avant qu'on ne veut surtout pas vivre quand on est jeune. Tolstoï nous fait vivre l'éloignement qui s'installe, la transformation des sentiments. La résignation des personnages, cette idée que tout est bien, qu'il vaut mieux avoir aimé et s'en souvenir, que de toute façon, ça devait arriver... tout ça est venu me chercher. Il y a également dans cette nouvelles de bien belles pages sur la nature.
J'ai refermé cette nouvelle avec un sourire un peu mélancolique mais en me disant que même si la passion folle ne dure pas éternellement, il y doit y avoir mieux que ça. Il faut qu'il y ait mieux que ça.