La pluie avant qu'elle tombe - Jonathan Coe
Présentation de l'éditeur
" Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen. S'appuyant sur vingt photos soigneusement choisies, elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte, des années quarante à aujourd'hui, l'histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l'enfance perdue et quelques lieux magiques. Et de son récit douloureux et intense naît une question, lancinante : y a-t-il une logique qui préside à ces existences?"
Commentaire
J'avais vu chez Manu qu'il y aurait une lecture commune de ce livre avec Restling, George , Hathaway , Soie et Emilie . Ce doit être pour ça que je l'ai mis sur mon comptoir de cuisine et que je l'ai attrapé dans mes affaires un jour où j'avais besoin d'un "roman petit et pas pesant" pour entrer dans un sac à main moins grand que de coutume. Bien entendu, j'avais complètement oublié la date de la lecture commune et ce n'est que tout à l'heure, en me mettant à l'écriture du billet, que je suis allée vérifier. Et ô miracle, la date, c'est demain! Je vais donc pouvoir participer et avoir un billet à propos d'un livre que je n'ai pas lu depuis 3 mois, pour une fois!!!
C'est ma première rencontre avec Coe et je croyais, à la lecture des billets sur ses autres livres, que j'aurais droit à beaucoup d'humour et à une ironie assez mordante. Mais non, rien de tout ça. C'est un récit très tendre malgré les thèmes parfois difficiles, le récit de Rosamond, une dame âgée qui a rassemblé sa vie et celle de son interlocutrice, Imogen, en 20 photos qu'elle lui décrit minutieusement sur cassettes. C'est qu'Imogen est aveugle. Et Rosamond n'a aucune idée de l'endroit où est Imogen. Ce sera donc à Gill, sa nièce, de la rechercher. Gill qui finira par écouter les cassettes et rencontrer ainsi sa tante qui raconte une partie de l'histoire familiale qu'elle ne connaissait pas.
Une histoire de famille, donc, qui court, en un peu moins de 300 pages, sur trois générations de femmes mal aimées, qui ont aussi bien mal aimé. Banal, peut-être, pas de vies extraordinaires. Mais des femmes qui ont souffert et qui ont fait souffrir. Des schémas qui reviennent, une histoire qui se répète. À travers des photos trompeuses, souvent reflet d'un bonheur illusoire, Rosamond fait remonter ses souvenirs et tente de voir plus loin que les apparences, plus loin que ce que les photos peuvent nous dire.
J'ai beaucoup aimé ma lecture, lue d'un souffle, ou presque. C'est l'un de ces livres que j'avais hâte de retrouver et auxquels je pensais pendant les moments où j'en étais éloignée. Tout est lié, le récit demeure fluide malgré la construction un peu répétive (un chapitre, un photo, des souvenirs) et je me suis attachée aux divers personnages, même dans leurs mauvais moments. Rosamond a une vision affective mais pas uniquement nostalgique des époques et des événements. À la fin de sa vie, un certain réalisme pointe et transparaît dans ses cassettes qui ne sont pas toujours complaisantes.
Toutefois, si la lecture a été positive en général, la fin m'a un peu laissée sur ma fin. Le livre se referme paisiblement, sans ce petit quelque chose de plus que j'attendais. Peut-être étais-ce inévitable mais le soufflé a redescendu un peu vite pour moi. J'aime quand l'auteur me fait travailler un peu pour trouver la cause des sentiments, des actions... mais dans ce cas-ci tout est bien expliqué, peut-être en raison du format de la narration. Les parties au présent m'ont un peu moins plu, je me suis moins attachée à Gill qu'aux personnages qui ont vécu à travers les bandes son.
N'empêche que c'est un auteur que je relirai avec plaisir et que mon avis général sur ce roman est positif, ne serait-ce que pour la réflexion sur la filiation, l'amitié, la différence qu'il a suscité ainsi que pour l'ambiance et les descriptions du Shropshire où se déroule une partie des souvenirs d'enfance. Et... j'ai dit que j'aimais le titre? Très évocateur!