L'anglais n'est pas une langue magique - Jacques Poulin
Jacques Poulin restera toujours Jacques Poulin. Toutefois, ce roman constitue ma deuxième semi-déception avec cet auteur (la première étant "L'homme de la Saskatchewan" que j'avais aimé sans être marquée). En effet, celui-ci ne restera probablement pas dans mes annales personnelles, même si j'ai quand même passé un agréable moment de lecture.
Le narrateur est encore une fois Francis, le "petit frère" de Jack Waterman. Francis est lecteur sur demande. Le roman commence par un mystérieux appel d'une future cliente, qui est absente lors de la visite de Francis. Et il se poursuit à travers les diverses lectures qu'il fait à Limoilou, qui panse doucement ses plaies, à Alex, en attente d'une opération cardiaque ou à Chloé, dans le coma suite à un accident de voiture.
Ce roman, c'est surtout le pouvoir des mots, le pouvoir de la lecture sur les êtres, ce dont qu'elle de savoir nous faire évoluer, de nous faire apprendre un peu de chaque personnage que nous rencontrons entre les pages. Les mots qui font réagir, les mots qui aident, les mots qui nous font grandir. Il y a aussi le français derrière tout ça, les explorateurs français, leurs tractations avec les amérindiens, les chocs de culture. L'Histoire qui se mêle de la petite histoire. Le tout avec les mots de Jacques Poulin, qui vont droit au but et qui nous baladent dans les rues du Vieux Québec ou les bords de l'île d'Orléans.
Là, vous vous demandez de quoi je me plains, n'est-ce pas? S'il y a tout ça, que demander de plus? En fait, j'aurais voulu une réelle histoire. J'ai éprouvé un sentiment de décousu, de pistes abandonnées, de successions d'événements un peu sortis de nulle part. J'ai aimé retrouver Marine et Limoilou mais je réalise que j'ai du mal avec la personnalité du Petit Frère, que je trouve un peu vide, en fait. Avec sa façon de répéter sans cesse qu'il n'est qu'un petit frère, sa façon de dire que c'est un vrai professionnel, j'ai été plus agacée que touchée par son sentiment de n'être "que" quelque chose. C'est la première fois où je trouve que Poulin se répète. Pas mal. Même les allusions au français, langue de mon coeur, et à son importance mon semblé plaquées et un peu moralisatrices.
Bref, un auteur que j'aime encore beaucoup pour sa plume, pour ses références et pour ses explorations des personnages mais qui m'aura cette fois laissée sur ma faim.