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Gougourde a l'épicerie

21 Décembre 2013 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Chroniques d'une LCA

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Ce soir, c'est l'un de mes partys de Noël de bureau.  Le prix de la soirée festive et du thème "cocktails" de ma collègue?  Cuisiner un dessert.

 

Là, je vous entends penser.

Oh boy.

 

Sauf qu'au moment où je vous écris (de chez ma mère... quand même, je ne travaille pas sans filet), je n'ai même pas commencé à cuisiner le dit dessert.  Mais je suis allée à l'épicerie, par exemple.  Et déjà, c'est bien parti pour une journée-où-je-me-ridiculise-deux-fois-par-minute!

 

Départ de chez ma mère, où je passe le temps des fêtes avant de m'envoler au Fashion-Kingdom.  Petit détour par la maison pour aller chercher ma so-fifties petite robe et sa crinoline de tulle (ce qui m'a valu le commentaire "tu te déguises en quoi?" de la part de mon père, ce clown qui s'ignore) ainsi que des coupes à cocktails pour le souper de ce soir.  Allez savoir pourquoi, personne n'est surpris de savoir que même si mon frigo est perpétuellement vide, j'ai une collection assez impressionnante de verres divers et variés.  Je plonge donc la tête dans mon armoire et en extirpe une douzaine de verres à martini et un six-pack de coupes à margharitas.  Après avoir envisagé un - bref... mais pas tant que ça - instant de les transporter dans un sac en plastique mais, après réflexion, j'ai plutôt vidé des caisses de bières pour y empiler les dites coupes.  Non mais, faut bien récupérer!

 

Pour une raison que je ne comprendrai jamais, je n'ai jamais voulu apprendre de mes - nombreuses - expériences de voyages de paresseuse.  Allez donc savoir pourquoi, j'ai pris mon sac d'une main, ma valise de l'autre, j'ai mis deux livres dans le tas (j'avais peur d'en manquer) et j'ai positionné les deux caises dans un équilibre précaire qui avait comme - léger - désavantage de me bloquer complètement la vue.  

 

Ai-je besoin de préciser que nous sommes en plein solstice d'hiver (ce qui, ici, signifie, genre 3 pieds de neige) et que, avec la minutie qui me caractérise, mon plus récent pellage a consisté de quelques coups pieds paresseux sur les marches?  Sur presque toutes les marches, en fait.  Ai-je besoin de préciser que sur le chargement, seules survivent encore 6 toutes petites coupes qui ont dû être construites à l'épreuve des enfants (ou des grandes maladroites devant l'éternel).  Je vous épargne la description détaillée du vol plané mais une chose est certaine, la neige, ça amortit quand même assez bien les chutes.  

 

Retour à l'épicerie donc.  Avec une liste-made-by-mom... qui me connaît et n'a aucun - faux - espoir en ce qui concerne mes capacités.  Premier dilemme... c'est écrit "2 boîtes de lait Eagle".  Et moi, devant l'étalage, je suis réellement interloquée.  Lait évaporé, lait évaporé sucré, toutes sortes de formats... bref, je suis perdue. 

 

Et là, je bénis l'invention du cellulaire. 

 

- Maman?  Quand tu écris 2 boîtes de lait Eagle, c'est deux boîtes grosses comment?

- Ben, tu le sais, des petites boîtes.  

- 200 mL ou 270 mL?

- Je le sais-tu moi, Ka.  Ya juste une grandeur. 

- Non, yen a deux.  

(soupir au bout du fil)

- Il est écrit quoi sur les boîtes?

- Ben... lait Carnation!

(re-soupir)

- Pas du lait Carnation, Ka, du lait Eagle. 

- C'est pas pareil?

- Heu... comment dire...  Non. 

- Ya trois couleurs de boîtes... c'est laquelle?

- LIS CE QU'IL Y A DESSUS...  Lait Eagle normal. 

 

Je devais marmonner "lait eagle normal, lait eagle normal" parce qu'une dame m'est venue en aide en me délestant de 2 des trois cannes que j'avais en main.  

- Je pense que c'est ça que vous cherchez...

 

Je l'aurais limite embrassée.  

 

Autre grand moment de  gloirequelques pas plus tard.  C'est écrit sucre en poudre.   Mais tous les sucres sont des poudres, non?  Je songe à recomposer le numéro de maman mais bon, comme j'ai encore le fol espoir qu'elle m'aide pour le dessert incriminé (voire même qu'elle le fasse au complet), je décide de ne pas trop pousser ma luck.  Comme la gentille dame de tout à l'heure y était encore, je me retourne vers elle.  

 

- Madame, le sucre en poudre, c'est le blanc ou le brun?

 

Je sais, je n'ai aucun orgueil.  Voire même aucun amour propre.  Et là, j'entends un éclat de rire derrière moi.  Genre, un GROS éclat de rire. 

 

Et je vois, qui va vers la dame, le fils de la dite dame (que ma mère connaît, bien entendu, sinon ce ne serait pas drôle, les joies des petites villes).  Son fils de mon âge, qui me regarde comme si je débarquais d'un vaisseau spatial.  Et que je reconnais, of course.  Parce que bon, si je n'ai aucune chance de reconnaître qui que ce soit que je connais bien de nos jours si je le vois dans un endroit où je ne m'attends pas à le voir, mon cerveau ajoute très facilement 25 ans à la tête que quelqu'un avait ado... et je reconnais tout le monde de mon école primaire.   Le truc bien dans tout ça, c'est que je suis certaine que lui, n'avait aucune idée de qui était cette extra-terrestre déficiente de l'épicerie.   Du moins, j'espère.  C'est dans ce temps-là que je bénis le ciel de n'être pas très "remarquable" dans la vie!

 

Mais c'est quand même un peu mortifiée que je me suis limite garrochée vers la caisse et que j'ai payé mes achats.  Pour me retrouver dans le stationnement, dans la neige pas grattée, avec mon petit panier qui roule mal (il ne faudrait quand même pas faire trop simple, hein), à chercher ma voiture.  Ma voiture étant bleue flash, c'est pas bien difficile.  Mais là, tour du stationnement (plein... c'est le samedi avant Noël) et la voiture est in-trou-va-ble.  Je cours partout comme une poule pas de tête.  Et la seule chose à laquelle je pense, c'est "F.., si je me suis fait piquer ma voiture, je n'aurai plus de verres à drinks à prêter à ma collègue et elle va dire que je ne suis pas fiable".  Au bout d'une dizaine de minutes d'intense solitude (imaginez la scène, là... parking bondé, tous les gens qui s'activent et moi, immobile au milieu, en proie au désespoir le plus profond et personne qui ne réalise à quel point je fais pitiéééé!!), je me décide à prendre le téléphone et à appeler mes parents pour leur annoncer que je n'ai plus de voiture.  

 

Silence au bout du fil. 

 

- Maman?

- Karine, c'est MA voiture que tu as prise.  Tu es sûre que ça va, chérie?

 

VDM. 

Et je passerai sous silence le fait que maman m'a rappelée  pour me préciser que sa voiture, elle était bleu nuit et que si j'appuyais sur le bouton sur la clé, les lumières s'allumeraient.  

 

Résultat des courses?  

Elle fait mon dessert!  Et moi, je lèche les batteurs de crème fouettée!  Retour en enfance power... ou peur pour sa cuisine de la part de maman!

 

Bon samedi!

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