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En censurant un roman d'amour iranien - Shahriar Mandanipour

27 Octobre 2012 , Rédigé par Karine :) Publié dans #Littérature Afrique et Moyen-Orient

en-censurant-un-roman-d-amour-iranien.jpgPrésentation de l'éditeur

"Téhéran, de nos jours. Comment un garçon et une fille peuvent-ils se rencontrer et vivre une histoire d’amour alors que la République islamique a instauré une rigoureuse séparation des sexes ? Comment publier un roman d’amour, alors que l’impitoyable censeur pourchasse la moindre allusion érotique ? Sara et Dara s’aiment par messages codés inscrits dans des livres empruntés à la bibliothèque, par téléphone ou ordinateur interposé et au cours de promenades dans les rues en jouant à cache-cache avec les opresseurs.

 

Avec un humour irrésistible, seule arme efficace face à la censure, et un recours immodéré à l'autodérision, Shahriar Mandanipour rédige sous nos yeux un poignant roman d’amour  à la fois réaliste et fantastique, placé sous l’égide des grands poètes persans, des écrivains et des cinéastes occidentaux. 

 

Loufoque et bouleversant, En censurant un roman d’amour iranien réconcilie Le Procès de Kafka et de Welles, La Ferme des animaux d’Orwell, le Journal des Faux-monnayeurs de Gide et les Contes des Mille et Une Nuits"

 

Commentaire

Quel roman étrange que celui-ci!  Étrange mais réellement à découvrir si vous aimez les histoires qui jouent avec la métanarration et les mises en abyme particulières. Parce que cette histoire, c'est celle d'un roman.  Un roman d'amour que tente d'écrire un auteur iranien contemporain, ce qui n'est pas chose facile.  En effet, la menace de Mr. Petrovich (non, le nom n'est pas choisi au hasard) plane et ce censeur tout puissant du ministrère de la Culture est le champion toutes catégories pour trouver les intentions cachées des auteurs.  Tout érotisme, tout comportement qui n'est pas approuvé par le régime, toute allusion anti-révotionnaire (même celles que l'auteur n'avais même pas osé imaginer) sont strictement interdits.  Du coup, écrire une histoire d'amour qui pourra éventuellement être publiée relève de la gymnastique olympique.  Et encore.

 

L'auteur tente donc de nous raconter l'histoire de Sara et Dara, deux jeunes iraniens.  Nous trouvons donc son texte en gras (souvent grassement biffé par la censure) et, en caractères normaux, l'auteur-personnage qui nous raconte ses tourments et ses tentatives pour finalement finir par raconter quelque chose.  Avec beaucoup d'humour, énormément d'autodérision et sans donner de leçons, il fait ressortir les hauts et les bas de la vie en Iran, avec toutes ses contradictions et ses petites hypocrisies.  J'ai lu plusieurs auteurs iraniens, ces dernières semaines et plus ça va, plus je vois qu'ils vont tous dans le même sens en ce qui concerne la vie là-bas et la politique.  Je commence à y croire un peu.

 

Il y a également dans ce roman beaucoup de références (j'aime les références), autant aux auteurs contemporains qu'aux classiques perses et iraniens (que j'ai envie de lire maintenant) ainsi qu'une critique des auteurs contemporains pris parfois dans un cadre dont il est ma foi presque impossible de se sortir.  Et c'est en même temps un bel hommage aux pirouettes que doivent faire certains pour faire passer leur messages.  Pirouettes qui donnent parfois de bien belles phrases. 

 

J'avoue qu'au milieu du roman, le procédé m'a parfois semblé un peu lourd.  J'ai mis un moment à m'attacher aux personnages et a bien comprendre de quoi ça retournait, vu qu'il y a énormément de digressions qui, si elles sont intéressantes, demandent au lecteur d'être bien attentif.  Reste qu'il s'agit d'un roman qui vaut la peine d'être découvert.  Ne serait-ce que pour les divagations sur les procédés littéraires, les clins d'oeil à Orwell ou à Kafka ainsi que le regard sur l'Iran contemporain. 

 

 

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