Bonjour, là, bonjour - Michel Tremblay
Résumé
Après 3 mois d’absence en Europe, Serge revient au pays revoir son père Armand, ses deux tantes un peu cinglées, Charlotte et Gilberte ainsi que ses quatre sœurs : Lucienne, mariée à un « anglais successful » et amante d’un ami de Serge, Denise, dont le plus grand plaisir est de manger, Monique, addict au « pelules »… et surtout Nicole…
Commentaire
Après ma dernière lecture, je ne sais pas pourquoi, il fallait que je relise cette pièce de Tremblay. Aucun thème en commun, pourtant… mais il fallait! Petit historique : quand on habite au Québec et qu’on aime bien le théâtre… c’est OFFICIEL que nous sommes amenés à voir des pièces de Michel Tremblay. Impossible de passer à côté! J’ai vu celle-là jouée par des amis dans le cadre d’un cours de français théâtre, au Cégep et j’ai été soufflée. C’était peut-être une drôle d’idée du professeur d’amener des ados de 16-17 ans jouer cette pièce, étant donné le thème central mais j’avais tout simplement adoré. Je n’ai toutefois pas lu la pièce tout de suite car le prof en question a enchaîné avec « Les belles-sœurs » du même auteur et là, je n’ai définitivement pas accroché. J’ai donc délaissé Tremblay pour ne lire la pièce que beaucoup plus tard, après l’avoir « héritée » d’un fond de bibliothèque d’une copine qui déménageait!
Résultat : La lecture de la pièce a été aussi agréable que son écoute datant de plus de 10 ans auparavant! Cette famille dysfonctionnelle, qui s’aime, mais mal, nous est présentée de façon simultanée. En effet, chronologiquement, Serge visite ses sœurs l’une après l’autre mais dans la pièce, les visites sont évoquées simultanément, comme un concert avec une voix « lead » et des chœurs, qui parlent complètement d’autre chose. C’est d’ailleurs la façon dont Tremblay évoque ses scènes : solo, duo, trio, octuor. Cette structure et les conversations qui tournent un peu en rond demandent un moment d’adaptation au lecteur.
J’ai beaucoup aimé les personnages, tous un peu cinglés, qui voient Serge, le petit frère beaucoup plus jeune, comme un objet, que ce soit pour le chatouiller, l’utiliser comme couverture ou comme support moral. J’ai aussi apprécié la vision de l’amour, de l’amour différent, non acceptable, mais complètement assumé.
Le thème de la surdité du père m’a beaucoup interpellée aussi. Ne sommes-nous tous pas un peu sourds à ce que nous ne voulons pas entendre? Pas facile de crier ce que normalement on dit tout bas… Et à entendre le verbiage des « ma tante » - qui s’appellent elle-mêmes « ma tante », comme si elles n’existaient que par ça – on le comprends un peu de ne pas vouloir faire réparer son appareil, malgré son amour de la musique. Ne pas entendre, est-ce la même chose que ne pas comprendre??
Une bonne note, peut-être influencée par les souvenirs de copains au théâtre... mais bon!!! ;)
Une bonne note, peut-être influencée par les souvenirs de copains au théâtre... mais bon!!! ;)
8,5/10