Malefica - 1 - La voie du livre - Hervé Gagnon
On a vécu une drôle d'histoire, ce roman et moi. Une histoire qui, je l'avoue, a connu un commencement un peu difficile mais qui s'est ma foi très bien terminée. Enfin, terminée... le mot n'est pas tout à fait juste car je vous annonce d'emblée que je veux lire la suite.
C'est avec Malefica que je décrouvre l'univers de Hervé Gagnon, qui a par ailleurs écrit une série jeunesse fort appréciée par les ados et préados : "Le talisman de Nergal" (dont j'ai, ô surprise, les deux premiers tome dans ma pile). C'est ici un roman pour adultes, sur fond d'Histoire, d'Inquisition et de mystères presque millénaires. Vous savez, un roman où les héros doivent décrypter des indices laissés il y a des centaines d'années, tout en étant pourchassés et traqués? Si vous avez envie de ce genre de lecture et que vous n'avez pas peur de quelques scènes gores ou explicites, ce roman est pour vous. Il y a en effet une intrigue intéressante, beaucoup d'action et un fond historique (le 17e) fouillé (pour la néophyte que je suis) et pas complètement fantasmé (après recherches, je réalise que l'auteur est historien de formation... ceci explique cela).
Mais expliquons d'abord pourquoi au début, ça commençait mal. Nous rencontrons notre héroïne, Anneline Dujardin, sage-femme et guérisseuse, alors qu'elle met au monde sa fille. Alors que, quelques secondes après son accouchement, le lait coule à flots et perle au bout de ses seins (lucky her), elle comprend "le sens profond de ce que signifiait être une femme". Et là, je grince. Je ne nie pas que la scène est très bien écrite, qu'elle rend l'atmosphère de fatigue et de béatitude, de tendresse et d'amour, mais en tant que femme (qui n'a pas d'enfant - et non, je n'expliquerai pas ici "comment ça se fait"), je suis ravie de savoir que je ne suis pas une femme au sens profond du terme. Donc, on est très mal partis. Ajoutons à ça de multiples références au sexe par toujours utiles au déroulement de l'histoire (pourtant, vous savez que je ne suis pas prude) ainsi que beaucoup d'adjectifs pour être bien certains que le lecteur a bien compris que le personnage décrit était bien méchant... j'ai eu peur.
Pourtant... pourtant, je me suis laissée prendre, après la mise en place de l'histoire (et ce même si la 4e nous raconte pratiquement tout ce qui va se passer... même des choses qui ne sont pas encore arrivées dans le premier tome). J'ai trouvé les atmosphères, l'époque, le village d'Abeles très bien représenté et je m'y suis rapidement projetée. Même s'il y a un peu trop de comparaisons à mon goût dans l'écriture, celle-ci est très évocatrice et efficace. En quelques mots, l'auteur sait dépeindre parfaitement l'ambiance qui se dégage d'une scène précise. J'ai eu tout au long de ma lecture des images dans ma tête.
Les héros sont rassemblés un peu malgré eux. Anneline est aux prises avec le nouveau curé de son village, qui la considère comme étant diabolique. Quand à François, il a vu (enfin... presque vu) mourir sa famille pour avoir osé résister à un percepteur. C'est un être perdu, rongé de culpabilité et qui se nourrit de vengeance. Quant à elle, elle est farouche, fière et descendante d'une longue génération de guérisseuses, et surtout prête à tout pour protéger Jeanne, sa fille (qui est adorable). Bien entendu, il va y avoir des secrets, un fameux livre (c'est dans le titre), des apparitions historiques, des revirements, des poursuites... et quelques tortures... un peu trop précisément décrites pour moi. Disons que j'ai lu vite ces parties. Heuresement, ce n'est pas comme ça pendant tout le roman.
Un livre qui se dévore et qui nous transporte dans le passé, et dont je veux réellement connaître le dénouement. Si certains personnages sont un peu trop manichéens pour moi (ou alors, trop appuyés), j'ai beaucoup aimé la façon de dépeindre l'environnement, la réaction des gens, leur peur et leurs revirements. On sent que la façon de penser est différente et que c'est bien ancré dans l'époque, du moins dans le récit. Bref, ça bouge, ça évolue... et on ne s'ennuie pas!
À suivre donc.
Et une rencontre qui s'est finalement très bien terminée!