Marie-Antoinette - Stefan Zweig
Présentation de l'éditeur
"Vilipendée par les uns, sanctifiée par les autres, l'" Autrichienne " Marie-Antoinette est la reine la plus méconnue de l'histoire de France. Il fallut attendre Stefan Zweig, en 1933, pour que la passion cède à la vérité.
S'appuyant sur les archives de l'Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, qu'il fut le premier à pouvoir consulter intégralement, Stefan Zweig retrace avec sensibilité et rigueur l'évolution de la jeune princesse, trop tôt appelée au trône, que la faiblesse et l'impuissance temporaire de Louis XVI vont précipiter dans un tourbillon de distractions et de fêtes.
Dans ce contexte, la sombre affaire du collier, habilement exploitée par ses nombreux ennemis à la cour de France, va inexorablement éloigner Marie-Antoinette de son peuple."
Commentaire
D'abord, petit message à mon futur moi-même qui risque d'être un peu mélangé dans quelques années: "Ne cherche pas cette édition dans ta bibliothèque, ce n'est pas celle que tu possèdes. La tienne, elle date de 194r, et elle est plutôt du genre "beige usé" pas de photo dessus"! Voilà, maintenant que c'est fait, je peux vous parler du livre!!
Je dois d'abord préciser que je m'étais jointe à une lecture commune de Bladelor et de Christelle (du moins, j'imagine que c'est la bonne Christelle... Bladelor ne m'avait pas donné son lien mais c'est la seule que je replace, vite comme ça) mais je ne sais trop si cette lecture commune fonctionne encore, vu que Bladelor s'est retirée et que je ne sais pas si Christelle savait que je m'étais jointe à eux... Bref, une histoire qui semble bien compliquée mais qui ne change absoluement rien au fait que je vais avoir fait mon Zweig-billet de juin le 8 du mois (incroyable, je sais) et que je vais vous parler de la biographie de Marie-Antoinette, de Zweig!
J'ai fait connaissance avec Marie-Antoinette et la révolution française par la petite porte... et j'ai nommé l'animé "Lady Oscar" alors que j'avais 10-12 ans. Ce n'est qu'après avoir versé toutes les larmes de mon corps à la fin de la série que j'ai lu plus sérieusement sur le sujet, et de façon assez biaisée, je l'avoue. Tout ceci pour dire que je connaissais quand même assez bien l'histoire de Marie-Antoinette et de la chute de la monarchie française, version royauté. Ce n'est donc pas le côté "apprentissage" qui m'a plu, (parce que, ô surprise, j'ai beaucoup apprécié cette lecture!) mais plutôt la manière dont le personnage est présenté, sans l'auréoler de gloire mais sans non plus la descendre en flèche. Zweig tente de dresser le portrait psychologique - avec des touches psychanalytiques à l'occasion - d'une femme "de nature ordinaire, médiocre", qui a été soumise à un destin plus grand que nature, qui l'a finalament amenée là où elle ne serait jamais allée autrement. Ce n'est donc pas un amoncellement de faits précis et vérifiable mais également une analyse de la personnalité de Marie-Antoinette et des influences qui ont fait d'elle ce qu'elle a été et qui ont modelé son destin.
Zweig explique d'ailleurs clairement, en postface, sur quels documents il a choisi de se baser pour écrire sa biographie. Il a renoncé à utilisé certaines pièces de documentation dont l'origine était douteuse et l'authenticité discutée et s'est souvent reposé sur la correspondance entre Marie-Antoinette et sa mère, Marie-Thérèse, ainsi que sur celle avec Hans Axel de Fersen, pour les dernières années. Sur les 500 pages de la biographie, les 250 premières relatent les jeunes années de la reine, son arrivée triomphale à Versailles et le début de son mariage avec le roi de France, Lous XVI, qui mettra 7 ans à être consommé, en raison d'un problème physiologique du roi. Nous rencontrerons à cette époque une Marie-Antoinette qui ne pense qu'à s'amuser à se divertir et pour qui le royaume se limite à la Cour de Versailles. Une Marie-Antoinette icône de la mode, qui ne souhaite pas connaître son peuple et ses misères et ne se mèle de politique que pour offrir des charges à ses proches. Mal à l'aise avec l'étiquette perpétuelle de la Cour de France, elle souhaitera s'en affranchir et établira ses quartier au petit Trianon, qu'elle fait aménager pour son amusement, avec un petit hameau et des jardins hors de prix, où elle choisira ses invités non pas en fonction de leur rang mais de leur capacité à l'amuser, ce qui, bien entendu, ne plaît guère. Zweig ne masque aucunement les folles dépenses de la reine, qui ne compte pas et pour qui tout ce qui lui appartient lui est dû, en fonction de son rang. Un entre deux, donc. Dans cette biographie, Marie-Antoinette n'est ni pauvre victime ni débauchée.
La seconde partie commence avec l'avènement de la Révolution où Marie-Antoinette doit réellement devenir une reine et faire face à la musique. Cette partie, bien que plus lourde, s'est révélée plus intéressante pour moi sur le plan historique et permet d'entrevoir, de façon superficielle, bien entendu, les deux côtés de la médaille. Impossible de ne pas réagir à certaines remarques, impossible de ne pas être choquée à l'occasion, autant par les comportements de la royauté que celui des révolutionnaires. Nous assistons donc à l'évolution de Marie-Antoinette, à son passage de jeune écervelée à celui de femme, mais aussi à ses vaines tentatives pour sauver les siens.
Zweig a selon moi réussi à rendre vivants ces personnes, à les rendre autre chose que "le roi" et "la reine", ce qui est quand même un tour de force quand on sait à quel point ils sont connus et déjà caractérisés. Le style de Zweig, bien qu'encore une fois remarquable et caractéristique par ses répétitions et sa précision, a un souffle différent de ses nouvelles. Plus direct, moins poétique.
Une très agréable lecture d'une biographie qui se lit presque comme un roman! Et aussi le Zweig de juin!!