Le ciel est partout - Jandy Nelson
Présentation de l'éditeur
"Un amour brûlant,
Une perte dévastatrice,
Lennie lutte pour trouver sa propre mélodie.
Alors que Bailey, sa soeur, sa meilleure amie,
vient de mourir, comment continuer?
A-t-elle le droit de plaire, elle aussi?
De désirer Toby? D'être heureuse, sans Bailey?
Et comment ose-t-elle rire encore?
Parfois, il faut tout perdre poue se trouver...
Un hymne à l'amour, à la vie, à la musique, à la nature et à l'écriture!"
Commentaire
Ceci est un roman surprise de la part de Gallimard Jeunesse, et quelle jolie surprise! Oui, je sais, mes termes peuvent sembler étranges étant donné que c’est un roman sur le deuil, un deuil immense, mais comme l’auteur réussit à ne jamais tomber dans le pathos et dans le larmoyant, c’est un livre sur le deuil qui fait du bien, en fait. Un deuil mais aussi une renaissance… presque une naissance, en fait.
Lennie a 17 ans. Bailey en avait 19. Lennie et Bailey étaient sœurs, et sa grande sœur, son modèle, celle qui brillait et menait le chemin est décédée d’un arrêt cardiaque, en pleine répétition de théâtre. Lennie habite avec sa grand-mère, Manou, et son oncle Big car sa mère est partie il y a 16 ans, sans donner de nouvelles. Parce qu’elle avait le gène de la bougeotte.
C’est donc après sa mort, à travers les mots de Lennie, sa grande peine, que nous apprenons à connaître Bailey. Bailey l’exubérante. Bailey et Lennie s’étaient bâti un cocon, un sanctuaire, un monde à elles pour tenter de pallier à l’absence de leur mère, absence qui ne leur est jamais expliquée, cette mère dont elles ne savent presque rien. Et quand Bailey n’est plus là, Lennie, qui s’est toujours considérée comme celle qui suivait, celle qui regardait vers sa sœur au lieu de regarder devant elle, est complètement perdue et sent qu’elle n’a pas le droit de vivre des belles choses sans sa sœur.
Seul Toby, le petit ami de Bailey semble comprendre sa peine et c’est vers lui qu’elle se tourne. Tous deux sont perdus et la relation devient vite ambigüe. Mais il y a aussi Joe, le nouveau, le musicien, qui voit autre chose en Lennie que la petite sœur de Bailey, celui dont le sourire est communicatif. Les personnages secondaires sont également très attachants, en particulier Manou et Big, deux excentriques sympathiques qui sont aussi débordants de chagrin et avec lesquels Lennie ne sait plus communiquer. Toby est très touchant dans sa grande douleur et sa solitude. Sarah, aussi, la meilleure amie au grand cœur qui ne comprend pas pourquoi Lennie s’éloigne malgré ses efforts.
De plus, j’ai beaucoup aimé la vision de la littérature et de l’adolescence présentée dans ce roman parce que pour moi, c’était tout à fait ça. L’auteure a bien exprimé cette passion que je ressentais pour les personnages (en particulier pour « Les Hauts de Hurlevent » et pour les amours tragiques et impossibles) qui vivaient ces émotions extrêmes auxquelles j’aspirais. Pour vivre intensément, vivre quelque chose de plus, d’exaltant. Lennie et Bailey étaient amateures de littérature anglaise et on cite Dickens, HD Lawrence, les sœurs Brontë et Austen, entre autres. Et comme je suis un peu bébé, je ne peux m’empêcher de sourire à chaque fois. Et un bel hommage aussi à la musique, qui transcende les mots parfois.
Un roman qui m’a donc beaucoup touchée, autant par ses thèmes que par la voix de Lennie, très adolescente, avec ses expressions d’adolescente (bon, ok, c’est difficile de juger si ses expressions sont adéquates, chez nous, les jeunes n’utilisent vraisemblablement pas ces termes… ) et les émois qui vont avec. Impossible pour moi de rester insensible à cette jeune fille qui doit se reconstruire après une si grande épreuve alors qu’elle nage en plein désarroi et qu’elle ne sait pas trop qui est Lennie sans Bailey d’avance. Elle sème ses pensées aux quatre vents, raconte son histoire et celle de Bailey en laissant s’envoler les mots dans la nature, comme ça et ces extraits manuscrits sont particulièrement émouvants selon moi.
Merci donc à Gallimard jeunesse pour la découverte et un premier roman que j’ai trouvé très réussi pour Jandy Nelson.